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Derrière le mur, la Californie

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
This Ain't California
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Voilà un film qui répond assez à la définition de l’OFNI (Objet Filmique Non Identifié), entre faux documentaire, esthétique du found footage, montage de documents culturels, tranches de vies réelles ou imaginaires et références historiques.

En résumé, ‘Derrière le mur, la Californie’ se présente comme l’histoire d’un trio d’ados délurés dans l’Allemagne de l’Est des années 1970. Très vite passionnés par le skate, les trois garçons suivront l’émergence de la culture alternative berlinoise au cours de la décennie suivante. Jusqu’à aujourd’hui, où l’ancien groupe de skateurs se retrouve à nouveau devant la caméra pour évoquer leurs souvenirs et assister à l’enterrement du plus talentueux d’entre eux – dont la biographie forme la part la plus lyrique et passionnante du film.

Alternant les époques et les formes d’énonciation, la narration du film, éclatée, en patchwork, multiplie les supports et les formats (noir et blanc, couleurs, super 8, vidéo, numérique, animation) pour aboutir à une structure cubiste, permettant de dynamiser la linéarité historique du récit.

Surtout, le docu-fiction de Marten Persiel montre le passage d’une « culture populaire » officielle, établie par le régime est-allemand de l’époque, à une culture véritablement populaire, c’est-à-dire faite non plus pour mais par le peuple – et passant en particulier par sa jeunesse. Seulement, les autorités verront bientôt d’un fort mauvais œil cette nouvelle street-culture considérée comme bien trop américaine, ou « américanisante », pour être honnête. Alors, notre troupe de skateurs se retrouvera fichée par la Stasi, le film passant alors d’une atmosphère pré-Larry Clark à celle d’un fil d’espionnage qui évoque ‘La Vie des autres’.

Porté par une bande originale enthousiasmante, oscillant entre rock garage avachi dans une flaque de bière et rythmes primitifs sautillant sur des synthés crado, le film parvient à saisir la culture d’une génération méconnue. Qu’importe alors que ses archives soient trafiquées, que sa narration soit placée sous le signe de la fiction et du fake ; le projet étant de saisir un air du temps – une sorte de Zeitgeist de la RDA – et le film y parvenant. Démontrant finalement que mentir peut, parfois, être une manière de dire la vérité.

Écrit par Alexandre Prouvèze

Détails de la sortie

  • Durée:90 mins
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