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Gente de bien

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Gente de bien
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Certains films ont le juste mérite de brosser des portraits avec minimalisme et simplicité, sans noircir ni adoucir le décor ; ils nous offrent quelques bribes de vie qui pourraient – ou auraient pu – nous être familières. ‘Gente de bién’ tend vers ce registre réaliste, qui le mène parfois à la frontière du documentaire. Ce premier long métrage du réalisateur colombien Franco Lolli aborde très modestement les thèmes de l’enfance, de la famille et de sa précarité, de la lutte sociale et des questionnements identitaires. Mais même si sa barque semble bien lourde, l’effilochement de ses enjeux la ferait, en réalité, plutôt couler.

Le pitch n’est pas sans rappeler celui des ‘Quatre-cents coups’ de Truffaut, et de toutes les pâles copies qui lui ont succédé : un enfant un peu casse-cou, victime des bourreaux d’adultes qui l’entourent – une mère absente, un père aussi étranger que détaché. Heureusement, l’apparente banalité du scénario de Lolli est bien vite terrassée par la performance des trois acteurs principaux, dont les petites épaules portent largement la trame du film: Eric (Brayan Santamaria) ne surjoue absolument pas l’innocence de l’enfance, et il parvient, avec quelques regards relevés d’une spontanéité désarmante, à en faire oublier que 'Gente de bién' est un brin décevant. Loin d’être antipathique, le père, Gabriel (Carlos Fernando Perez), s’avère également très attachant : préoccupé et sans le sou, il fait de son mieux pour tenter de ré-apprivoiser ce fils qu’il connaît à peine. Et c’est avec une charité presque irresponsable que Maria Isabel (Alejandra Borrero), la femme pour qui travaille Gabriel, prend Eric sous son aile et lui ouvre les portes de sa maison de campagne.

Au cœur d’un contexte difficile mettant en scène la lutte des classes, Lolli dépeint – sans la moindre prise de position – le sentiment d’imposture de l’enfant, qui ne parvient finalement pas à trouver sa place au sein d’une famille plus aisée. Ainsi cette chronique bifurque-t-elle rapidement vers le conte moral, où les intentions des personnages, aussi louables soient-elles, ne se voient pas forcément récompensées. Toutefois, le postulat de ce drame social n’enlève rien à la bonté des personnages, sur lesquels le réalisateur porte un regard égal et profondément bienveillant.

Née des souvenirs d’enfance de Franco Lolli, cette histoire autobiographique et cathartique reste malheureusement cloîtrée dans une sorte de tiédeur, et ce, malgré ses touchantes intentions. En préservant son film des clichés autour du cinéma colombien et des clivages sociaux, Franco Lolli se complaît dans une forme de distanciation, à laquelle il manque un brin d’impulsion pour nous conquérir tout à fait. ‘Gente de bién’ n’en reste pas moins un film aimable, fait de légèreté et de pudeur, mais dont on risque malheureusement d’oublier bien vite les contours.

Écrit par Céleste Lafarge
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