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L’industrie du cinéma est décidément tombée sur la tête. Alors que la dernière aventure apocalyptique de Will Smith truste des centaines de salles dans le tout Paris, ‘Heavy Girls’, tragi-comédie allemande pourtant bardée de prix, ne se voit attribuer qu’une salle dans le Quartier latin ! Alors même s’il ne passe que dans un cinéma, et qu’il n’a coûté que 517 euros, le premier long métrage d’Axel Ranisch vaut définitivement un détour par la rue Champollion. Notamment pour son histoire douce-amère, mettant en scène un trio plein de charme : Sven, vieux garçon binoclard, Edeltraut, atteinte de la maladie d’Alzheimer, et son garde-malade Daniel. Un quotidien raconté avec la même sincérité qu’un documentaire, réveils paniqués, pertes de mémoire et moments de douce folie pour supporter les vides creusés par la maladie… Du presque rien, mais filmé avec humour et pudeur. Et c’est avec cette même poésie, ce même grain que Ranisch va lentement faire dériver son film vers la romance, celle de Sven et Daniel. Un amour naissant à la fois tendre et grotesque, loufoque et sérieux. Un lien tissé à force de tentatives d’approche ratées, de délires bizarres et d’abandon à l’autre. Culs nus et sourires béats, nos deux héros vont toucher, au milieu de leur extrême solitude, au furtif bonheur d’être ensemble. Bien sûr, l’image est souvent un peu crado, les cadrages mouvants… Mais que ne sacrifierait-t-on pas pour cet instant d’humanité sans fard ni clichés ?