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Les Deux Amis

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Les Deux Amis - Louis Garrel
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

‘Les Deux Amis’ se déroule à Paris. Dans les couloirs de la gare du Nord, où travaille son héroïne, Mona (Golshifteh Farahani), vendeuse dans une sandwicherie. Puis à travers le 10e arrondissement, jusqu’à la rue du Château d’Eau et l’hôtel des 3 Nations. Ce Paris qui est au cœur du premier long métrage de Louis Garrel, c'est un Paris encore populaire – au moins un peu, disons – où les deux amis du titre, Clément (Vincent Macaigne) et Abel (Louis Garrel) vont passer leur temps à tourner autour de Mona, que Clément convoite passionnément. Et qu'il drague d'ailleurs avec lourdeur.

Or, comme le film est inspiré des ‘Caprices de Marianne’ d’Alfred de Musset, et que Christophe Honoré en cosigne l’adaptation avec Louis Garrel, vous vous doutez bien qu’Abel ne va pas tarder, lui aussi, à entrer dans un jeu de séduction plus ou moins ambigu avec la (très) jolie serveuse de sandwichs. Ce que les deux amis ne savent pas, en revanche, c’est que chaque soir, Mona prend le train pour retourner en prison, où il lui reste quelques semaines d’une peine à purger. Ce qui complique encore la situation.

Evidemment, si Louis Garrel et Vincent Macaigne vous agacent (ce qui arrive), cette « bromance » risque de vous taper sur les nerfs. Même si leur duo, doux, tendre et bienveillant, reste plutôt sympathique, ne serait-ce que parce qu’il nous change des habituels concours de bi… pardon, de testostérone au cinéma. Ou dans la vie. Toutefois, c’est dans les moments de dérive, géographique et sentimentale, que le film paraît prendre de l’ampleur – ne le réservant donc pas aux groupies de Louis Garrel.

Quelques nets moments de grâce émergent donc. En particulier lors de la soirée que Mona et Abel passent ensemble ; à travers la façon dont elle lui confesse assez crûment son désir pour lui, après avoir dansé devant ses yeux au milieu d’un bar désert. « La beauté, ça complique tout », lâche, au début, le personnage de Garrel à celui de Macaigne. Oui, mais c’est aussi là, en fait, que le long métrage trouve son souffle : précisément dans la recherche d’une certaine beauté, aussi bien dans les interactions de ce trio amoureux que dans les situations dans lesquelles il se retrouve embarqué.

En revanche, les ruptures de ton au sein du film – qui passe parfois par la comédie, le nombrilisme ou le jeu citationnel – ont plutôt tendance à lui faire perdre pied, l’empêchant de creuser la touchante mélancolie qui le traverse, mais qui n’apparaît vraiment que vers la conclusion. Parfois inégal, ‘Les Deux Amis’ dissémine tout de même un charme flou, personnel et agréable. Ce qu’il doit en grande partie à son joli trio d’acteurs – au sein duquel brille particulièrement l'envoûtante Golshifteh Farahani.

Écrit par
Alexandre Prouvèze
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