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Sorcerer : le convoi de la peur

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Sorcerer : le convoi de la peur
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4 sur 5 étoiles

Grand film méconnu du génial William Friedkin, ‘Sorcerer’ ressort en salles dans une superbe version restaurée, le 15 juillet. L’une des reprises immanquables de cet été.

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Troisième chef-d’œuvre réalisé d’affilée par William Friedkin au cours des seventies (après ‘French Connection’ en 1971 et ‘L’Exorciste’ en 1973), ce ‘Sorcerer’ de 1977 fut, selon les dires du réalisateur, son film le plus infernal à mettre en scène. Ce qu’on perçoit aisément, tant son atmosphère suinte d’une fatalité poisseuse, chargée de chaleur accablante et de folie latente.

Adapté du roman de Georges Arnaud, ‘Le Salaire de la peur’, cet épais et méconnu ‘Sorcerer’ passa longtemps pour un simple remake du film éponyme de Henri-Georges Clouzot. Pourtant, si l’histoire reste proche, le rythme, et surtout la photographie du film de Friedkin, ainsi que sa musique (le psychédélisme analogique de Tangerine Dream) en font une œuvre largement à part – et qui n’a pas à rougir de la comparaison.

Ayant fui la justice de leurs pays respectifs, trois hommes se retrouvent dans une raffinerie de pétrole paumée en pleine Amérique latine – et manifestement peu regardante quant au CV de ses employés. Parmi eux, Victor Manzon (Bruno Cremer, le futur interprète de Maigret, qui se révèle aussi réjouissant qu’inattendu dans cette production américaine) est un banquier véreux à l’ancienne. Kassem (Hamidou Benmessaoud), un terroriste palestinien traqué par les forces israéliennes. Et Jackie Scanion (Roy Scheider), un escroc new-yorkais pourchassé par la mafia.

Dans sa première partie, le film nous présente l’itinéraire de chacun de ces protagonistes, et leur actuelle situation – en lorgnant parfois vers des séquences documentaires. Puis se présente à eux l’espoir d’une rédemption, où il s’agira de conduire à travers la jungle deux camions bourrés de nitroglycérine, en échange d’un bon gros paquet de fric. N’ayant plus rien à perdre, les trois hommes se voient donc recrutés pour cette improbable mission (la nitroglycérine explosant au moindre choc) et se voient rejoints par Nilo, un tueur à gage incarné par Franciso Rabal – croisé la décennie précédente chez Buñuel (‘Viridiana’) et Antonioni (‘L’Eclipse’).

Crasse, sueur, explosifs, végétation implacable et orages d’apocalypse : le film maudit de Friedkin, impeccablement porté par Rod Scheider (à travers une interprétation assez éloignée de ses célèbres rôles dans ‘Les Dents de la mer’ ou ‘Marathon Man’) ressemble à un formidable monstre méconnu. La faute sans doute à son titre, imposé par les producteurs de l’époque pour faire écho au précédent film du réalisateur, ‘L’Exorciste’ – alors que la seule malédiction que l’on retrouve ici est celle de la fatalité du destin. Heureusement, ‘Sorcerer’ renaît aujourd’hui en version restaurée. Et en plein été caniculaire. Un film qui tombe donc à pic. Et qu’on ne manquera évidemment pas.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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