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De toi à la surface

  • Art, Art abstrait
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

« L’accessoiriste place sur le plateau des objets essentiels à l’histoire qui va s’y dérouler mais doit-on nécessairement la raconter ? » Voilà comment s’ouvre l’intrigante exposition 'De toi à la surface' présentée au Frac jusqu’au 10 avril 2016. On y rencontre une vingtaine d’œuvres produites par douze artistes d’âges et de sensibilités différents, des objets en tout genre, fabriqués, exploités, détournés, filmés ou inventés. Des objets qui s’exposent et se font le support de l’histoire que l’on y projette.

Puisque l’essentiel n’est pas le récit mais ce qui le déclenche, les artistes explorent les possibles de la naissance de la narration et jouent avec notre capacité à nous approprier ce que l’on voit. Ainsi devant les 'Bouquets' de Simon Dybbroe Møller (des poussettes repliées sur un amas d’objets et plantées sur leurs quatre roues étroites), notre voisine y voit l’histoire des saisons tandis que notre voisin a l’impression d’être face à un monstre en pleine digestion de l’occupant qu’il vient d’avaler. Devant l’'Absence-Présence' de Barbara Bloom (installation traversante de cinq pupitres devant un tissu-écran, qui d’un côté n’en renvoie que les ombres et de l’autre montre l’objet source), une jeune visiteuse est en train de faire l’expérience du mythe de la caverne. Ou peut-être est-ce la fantasmagorie d’un orchestre ? Les œuvres sont autant de graines plantées faisant éclore un nombre infini de récits qui dépassent le créateur lui-même. Et c’est dans cette expérience du dépassement et de la dépossession que l’artiste se fait passeur et qu'il rencontre son spectateur. Ainsi nous voyageons dans de l’invisible, dans les histoires qui ne sont pas encore écrites, dans la puissance de l’imagination et dans les conditions de son avènement. L’exposition s’enrichit alors des récits que chacun s’y fait.

Elle interroge également notre rapport aux objets quotidiens (les ordinateurs chez Judith Hopf, les parapluies chez Karl Larsson, l’ours en peluche et les crayons de couleur chez Christian Boltanski) en les extirpant de leur contexte ordinaire. L’objet est détourné, nous obligeant ainsi à entrer dans une autre relation avec lui, à le considérer non plus pour sa fonction mais pour ses possibles. La vidéo d’Anouchka Oler, 'Episode 2', met en scène des sculptures qui se rebellent et refusent de jouer dans le film qu’elle est en train de tourner. Artisanale et décalée, cette courte vidéo nous met face à la conscience des objets et la soumission de l’humain (ici l’artiste) à leur volonté. Bien que l’on rie de cette dystopie, elle change tout de même notre regard, nous amenant à remettre en question notre relation avec la matière inanimée.

Ainsi, 'De toi à la surface' offre à la fois une expérience personnelle, pour le moins originale et inattendue, de la rencontre intime et pénétrante avec des objets. Mais aussi une réflexion sur la projection que l’on ne peut s’empêcher de faire, non seulement face à de tels objets, mais également face à une œuvre d’art. L’exposition nous entraîne donc dans un labyrinthe qui explore la résonance des œuvres en nous. Sinueuse et étrange, elle vous charmera sans conteste.

Écrit par
Elise Boutié

Infos

Site Web de l'événement
www.fraciledefrance.com/
Adresse
Prix
Entrée libre
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