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Get Hold of This Space - La carte de l'art conceptuel au Canada

  • Art, Performance artistique
  • 3 sur 5 étoiles
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Cette seconde partie de l’exposition 'Get Hold of This Space', présentée au Centre Culturel Canadien, se concentre principalement sur le rapport des artistes contemporains à la géographie, aux hiatus entre la carte et le territoire. Courte, ramassée, l’expo présente ainsi par exemple des photographies, documents d’archives ou témoignages de performances ayant eu lieu dans le Grand Nord au cours des années 1970 : traces de pas dans la neige, photos d’un performer ligoté à des arbres ou messages de Hans Haacke envoyés dans des bouteilles à la mer… Pas inintéressant, mais davantage d’un point de vue historique que comme véritable expérience esthétique. L’évanescent principe de la performance exige en effet qu'elle soit vécue. A posteriori, c’est un peu comme regarder une vidéo de Woodstock sur YouTube.

En revanche, trois œuvres se détachent du lot, qui se retrouvent d’ailleurs présentées dans des espaces plus significatifs. Dès l’entrée, c’est ‘Venitian Blind’ (« Store vénitien » en Français), série de photographies juxtaposées en forme d’autoportraits de l’artiste Michael Snow en 1970, à bord de gondoles à Venise. A priori, 24 selfies d’un touriste canadien arpentant en canaux la Sérénissime, ça n’a pas l’air hyper excitant. En fait, l’intérêt vient de la focale (longue) utilisée par le photographe, faisant apparaître quelques beaux détails du décor, tandis que l’artiste lui-même reste flou, à tel point que sa présence en devient incongrue, agaçante, mais répétitive et drôle comme un gag de Gaston Lagaffe au second degré. Car oui, l'art conceptuel, c'est parfois amusant.

Surtout, deux autres travaux se rejoignent dans leurs approches, qui permettent de déceler une cohérence dans la démarche des plasticiens présentés au Centre Culturel Canadien. D’une part, à travers ‘Island’ (1972) de Robert Kleyn, où deux projecteurs présentent en parallèle des diapositives d’un voyage vers une île : à gauche le trajet aller, à droite le retour. Entre méditation machinique et protocole d’une sorte de « pré-cinéma » en split-screen, l’œuvre de Kleyn a ainsi le mérite de rendre archaïque le média de masse hi-tech qu’est devenu le cinéma. De manière analogue, le photographe Rodney Graham tente quant à lui de restituer les origines techniques de son art, en bricolant une « camera obscura » (ancêtre de l’appareil photo) avec du matériel de récup’ : dentifrice, papier alu, paquet de clopes… L’appareil lui-même se trouve présenté, ainsi que la série de photos ‘Rome ruins’ (1978), réalisée avec. Bref, on est loin du Canon 5D et ça fait du bien.

Au final, l’art conceptuel actuellement présenté par le Centre Culturel Canadien fait surtout apparaître une interrogation des moyens de production des œuvres, une remise en question des mediums utilisés et un goût certain pour le bricolage et l’authenticité des matériaux comme des supports. Ajoutez-y quelques jeux sur l’optique (avec ‘Double Mirror Video’ du collectif General Idea) et une ou deux blagues potaches (Glenn Lewis, ‘Blue Tape around a City Block’, 1969), et vous obtiendrez une exposition pas vraiment bouleversante mais tout à fait sympathique. Et parfaite pour précéder un pique-nique ensoleillé au jardin des Invalides.

Infos

Adresse
Prix
Entrée libre
Heures d'ouverture
Du lundi au vendredi de 10h à 18h
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