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Kati Horna

  • Art, Photographie
  • 3 sur 5 étoiles
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Comme André Kertész, Eva Besnyö, László Moholy-Nagy ou Robert Capa, Kati Horna fait partie de cette génération de photographes qui a fui les conflits de la Hongrie des années 1930 pour se réfugier au cœur de l'Europe occidentale – au bord du gouffre elle aussi. Après une escale à Berlin puis à Paris, où elle se cherche en arpentant les marchés aux puces, les terrasses de cafés et les vitrines de magasins dans le sillon (tant et tant parcouru) de Cartier-Bresson et des surréalistes, cette grande amie de Robert Capa se fait remarquer en Espagne en 1937 avec son album sur la guerre civile, réalisé à la demande du gouvernement républicain.

C’est là, parmi les décombres et la poussière, au fond des cryptes et des patelins exsangues, que Kati Horna affirme son regard et commence à cultiver le mélange étrange de photoreportage et de surréalisme qui marquera son œuvre par la suite. Déjà, le photomontage et la noirceur entrent en trombe dans sa chambre noire. Déjà, des cortèges de Christ et de squelettes s’invitent au bombardement du cimetière de San Isidro, dont elle immortalise les dégâts avant de les recouvrir de collages. Déjà, des spectres survolent des enfants misérables pendant que des poils poussent sur les os de soldats déchus. Lorsqu’elle dramatise l’horreur de la guerre à coups de superpositions d’images, Kati Horna n’y va pas de main morte. La Hongroise nous met le nez dans la fange, nous parle de fantômes, de terreur et de catholicisme avec une voix écorchée, très descriptive. Bien sûr, un travail documentaire titanesque charpente le tout – mais les éclaboussures d’expressionnisme qui le traversent confèrent à cet album espagnol une dimension glaçante, presque mystique.

Après la défaite des forces républicaines, la désillusion se met à coller comme une sangsue à l'objectif de Kati Horna. Elle l’annonce haut et fort dès son retour à Paris, lorsqu'elle photographie symboliquement « ce qui part à la poubelle » : des livres, et quelques miettes de papier sur lesquelles on a gribouillé un cœur et le mot « idéal ». Un âpre adieu à l’Europe - à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, l’artiste s’installe définitivement au Mexique, traînant derrière elle des ombres et une violence latente, tragiques souvenirs d’Espagne. Poupées disloquées, centres psychiatriques, opéras fantasques, figurines religieuses, masques mortuaires… Les séries qu’elle signe de l’autre côté de l’Atlantique oscillent entre « poupées de la peur », « odes à la nécrophilie » et « histoires de vampires ». Hantées, toujours, par les monstres du XXe siècle.

> Horaires : le mardi de 11h à 21h et du mercredi au dimanche de 11h à 19h.

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Prix
De 5,50 à 8,50 €
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