Recevez Time Out dans votre boite mail

Recherche

Le Grand Orchestre des animaux

  • Art, Art contemporain
  • 5 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Publicité

Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Biophonie, danse planctonique, parades nuptiales et ronde de la soif… Le monde animal est autant un orchestre qu'un ballet, tout en poésie et fragilité.

Dans le cube de verre et de verdure qu'est la Fondation Cartier, on entre comme en pleine jungle amazonienne, le cou légèrement allongé. Le pas lent, presque ralenti, on guette les autres présences, celles des animaux tapis dans les feuilles, suspendus aux arbres. A l'affût, on scrute le paysage pour dénicher ce bestiaire au concert duquel on a été convié. A travers cinq superbes vidéos, nous entrons dans la danse et quittons notre monde pour pénétrer celui, si mal connu, d'une faune vivante, vivace et pleine de mystères fascinants.

Les premiers oiseaux que l'on rencontre paradent en Nouvelle-Guinée où ils déploient un art de la séduction virtuose, dont le comique et la prodigalité charment même les êtres humains. La façon qu'ils ont de faire apparaître et disparaître les couleurs de leur ramage ainsi que la flexibilité extrême de leur corps les érigent au rang de danseurs-magiciens presque divins. Réalisés par le laboratoire ornithologique de Cornell, ces films sont d'une puissance artistique indéniable tout en étant empreints d'un savoir scientifique précieux. Car la beauté de ce ‘Grand Orchestre des animaux’ réside notamment dans cette intelligente alliance entre science et art.

Un lieu qui donne toute sa profondeur à l’exposition

Aussi sensible qu'intuitive, l'exposition mêle subtilement expérience sensorielle et connaissances techniques. Et quel meilleur lieu que cet espace où l'extérieur aussi fait partie du paysage de l'exposition pour ouvrir l'esprit ? Tandis que le jardin offre son éclat comme prolongement vivant à l'ensemble des œuvres, on se dit qu’on a rarement vu l'architecture de la Fondation aussi bien exploitée dans sa double forme de réceptacle et d'objet architectural pur.

Cette adéquation parfaite entre le bâtiment et les œuvres qu'il reçoit se poursuit au sous-sol. L'exposition continue son invitation à explorer le monde animal mais cette fois dans son invisibilité. Ce ne sont plus les animaux représentés dans une figuration réelle ou imaginaire comme à l'étage, mais leurs traces, leurs racines. L'oeuvre de Bernie Krause y est reine. Ce musicien bioacoustique, enregistreur de paysages sonores et à l'écoute de ce grand orchestre depuis 50 ans, nous fait découvrir certains trésors de son immense collection (plus de 50 000 heures d'enregistrement à travers la planète).

Du feulement du jaguar au chant de la baleine à bosse, de l'Amazonie aux Océans, de la sécheresse californienne à la déforestation sud-américaine, tout a une existence sonore, tout parle pour nous dire quelque chose, de l'incroyable richesse des écosystèmes à leur future réduction au silence. Tragique et bouleversant, ce travail titanesque est d'une puissance qui laisse tout simplement sans voix. Rarement on a aussi bien écouté et entendu notre environnement. Quant à la dernière salle de ce ‘Grand Orchestre des animaux’, elle décuple toutes les impressions de beauté, de fascination et d'étonnement emmagasinées dès les premiers instants. Voilà en somme une exposition d'une rare intensité, qui étend son spectre de la science à l'art en faisant preuve d'une grande sensibilité.

Cette exposition fait partie de notre sélection des meilleures expositions à Paris

Écrit par
Elise Boutié

Infos

Site Web de l'événement
www.fondation.cartier.fr
Adresse
Prix
10,50 €
Publicité
Vous aimerez aussi
Vous aimerez aussi