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Les esquisses chimériques d’Ethan Murrow

  • Art, Galeries d'art contemporain
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

En accueillant, du 17 décembre 2015 au 20 janvier 2016, les œuvres fantasmagoriques d’Ethan Murrow, la galerie Particulière n’a jamais aussi bien porté son nom.

Rêves de graphite, illusions ébauchées, traits hachurés mais assurés… L’artiste américain plonge le spectateur dans un songe éveillé. Ses dessins, pour la plupart au crayon papier, sont criants de réalisme dans leur réalisation et cependant très peu réalistes dans leur fond. Ainsi avec ‘Cod Fishery’, qui met en scène des ouvriers sur une plateforme face à la mer, on ne sait où commence l’eau et où s’arrête la terre. De même, ‘Wake’ déroute avec son angle de prise de vue en plongée car le visiteur ne comprend pas dans quoi chute son regard. Une peinture à la Thomas Hill ou un puits sans fond bordé d’un cadre baroque ?
Et quand Ethan Murrow ne se joue pas des perspectives avec des tableaux en  trompe-l’œil, il s’amuse à créer des situations à la fois absurdes et cocasses. Mais que fait donc ce zèbre, debout dans une barque, avec une exploratrice coloniale que son dos ? Et pourquoi deux hommes s’obstinent-ils à tirer un morse, échoué sur une vieille Oldsmobile, le long d’une plage où s’amoncellent les nuages ? Au fur et à mesure de cette rétrospective, justement intitulée ‘Hankering for the Past’ (qu’on pourrait traduire par « un penchant pour le passé »), on en vient à se demander si on ne déambule pas dans le carnet de notes d’un enfant qui, s’ennuyant dans le monde trop terre-à-terre des adultes, s’évade dans un univers onirique. Le support papier utilisé par Ethan Murrow rejoint d’ailleurs cette idée de la page vierge où l’on laisse libre cours à une imagination parfois décousue.   

Et pourtant, rien n’est esquissé inconsciemment par l’artiste. Empreintes de technique autant que de sarcasme, les œuvres d’Ethan Murrow reprennent ses deux thèmes de prédilection : les expérimentations visuelles et la nature, animaux et grands espaces compris. Des paysages grandement inspirés de son Vermont natal, dont il garde un souvenir embelli, idéalisé, filtré par l’affection et le temps. Un aspect nostalgique et peu réaliste que l’artiste matérialise au travers d’un jeu d’images superposées. Des tableaux, représentant eux-mêmes des tableaux, s’intègrent finalement dans un ultime tableau : l’immersion est sans fin et les poupées russes, picturales.
Mais surtout, Ethan Murrow exprime toute son originalité en rétablissant le mur au centre de l’exposition. Lui qui ne sert d’ordinaire que de support aux œuvres est réhabilité et placé face à l’entrée. On ne cherche plus à le cacher et même, il sert désormais de toile à l’artiste mi-graffeur mi-rêveur – à qui certains particuliers demandent d’ailleurs de réaliser leur décoration d’intérieur. Dans un hublot carré, Ethan Murrow a donc dessiné un marin voûté traînant un canoë surmonté d’un tableau rupestre. Telle une fenêtre donnant sur l’horizon. Ou à l’image d’une porte ouverte sur un monde imaginaire, une galerie de saynètes bien particulières. Mais un voyage fantasque et fantastique qui prend fin trop vite.

Écrit par
Clotilde Gaillard

Infos

Site Web de l'événement
www.lagalerieparticuliere.com
Adresse
Prix
Gratuit
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