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Mannequin d'artiste, mannequin fétiche

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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Lassé de l’esprit indépendant des femmes de sa belle île de Chypre, le sculpteur Pygmalion décide de rester célibataire. Du moins, jusqu'à ce qu’il tombe fou amoureux de la statue qu’il est en train de façonner. Il supplie alors, avec succès, la déesse Aphrodite d’insuffler la vie à sa créature d’ivoire. Pour un peu, on pourrait trouver ici une allégorie de l'histoire du mannequin dans l'art : figurine en bois inerte capable de poser des heures durant pour aider les artistes à mettre en scène leurs personnages, elle va finalement passer, au fil des siècles, de l'ombre des ateliers aux lumières des cimaises.


Dans ce magnifique écrin qu'est le musée Bourdelle, particulièrement en cette saison où ses jardins baignent dans le soleil, cette exposition nous raconte autrement l'histoire de l'art de la Renaissance à nos jours, en suivant l'évolution technique et usuelle des mannequins d'artistes. De la boîte noire de Poussin, qui lui permettait de visualiser grâce à de petites figurines la scène qu'il souhaitait peindre avec les lumières qu'il désirait, aux mannequins charnus du XVIIIe (dont le prix équivalait à deux ans de salaire d'un modèle de chair et d’os), ce sont les coulisses de la représentation peinte ou sculptée du corps humain que nous dévoile ce parcours jonché d'œuvres pertinentes - pédagogique et technique sans jamais être barbant.


Mais c'est bien la seconde partie de cette exposition éclectique qui s'avère la plus excitante. Jusqu'alors réduit à des seconds rôles de nature morte, avec le modernisme, le mannequin se met à prendre de plus en plus de place sur les toiles ou les photographies. Il devient l'un des symboles les plus évidents de la condition de l'artiste, et le mouvement surréaliste en fait l'une de ses icônes. Presque vivant chez Alan Beeton, mélancolique et crépusculaire chez l'Italien Giorgio De Chirico, le mannequin devient même un objet érotique chez Hans Bellmer ou Man Ray (en même temps, qu'est-ce qui n'est pas érotique chez Man Ray ?), ou une vision mutante terrifiante chez les frères Chapman, qui closent le parcours. Mais la palme de la relation la plus troublante avec son mannequin revient sans discussion possible à l'Autrichien Oskar Kokoschka : après le départ de la femme qu’il aimait, monsieur vivra plusieurs années avec un mannequin à l'effigie de sa dulcinée perdue, emmenant même son fantoche dans ses soirées mondaines. Quand on vous dit que les rapports entre artiste et mannequin furent étroits...

Du mardi au dimanche de 10h à 18h.

Infos

Site Web de l'événement
www.bourdelle.paris.fr
Adresse
Prix
De 6 à 9 €
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