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Marcel Broodthaers : Musée d'Art moderne, département des aigles

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4 sur 5 étoiles

La Monnaie de Paris expose le musée d'Art moderne à domicile de l'artiste belge. Entre satire et surréalisme.

Vous n'aimez plus les expositions que vous voyez ? Alors, faites comme Marcel Broodthaers : ouvrez votre propre musée. Chez vous. En 1968, le Belge se proclame directeur et conservateur de l'institution qu'il inaugure à Bruxelles. De la même manière que Duchamp décrétait que « ceci est une œuvre d'art », Broodthaers, avec un humour qui rappelle beaucoup celui de son ami Magritte, décrète que « ceci est un musée », à domicile donc. Cartes postales de peintures du XIXe scotchées au mur, films expérimentaux, cadres sans toile forment ce temple de l'art moderne pas comme les autres, qui possède même une pièce vide, la « Salle blanche », recouverte de mots liés au travail d’artiste. Sans oublier les aigles, beaucoup d'aigles : des dizaines d'objets épars, emballages de cigares, képis militaires ou statues, tous ornés du fier rapace, allégorie du pouvoir et de l'impérialisme.

Aussi drôle que poétique, son musée (reconstitué par la Monnaie de Paris suite à un long travail de recherche), qu'il fermera au bout de quatre ans, revient sur les questions essentielles que se pose l'art depuis le début des années 1960 : qu'est-ce qu'une œuvre d'art ? Comment le musée influence-t-il le regard des spectateurs ? De quelle manière la dimension économique de l'art corrompt-elle l'œuvre ? Le grand talent de Marcel Broodthaers, c'est d'avoir été au bout de son musée fictif, poussant son idée dans ses retranchements et réfléchissant aux moindres détails. Il va ainsi jusqu'à concevoir une signalétique précise (heures d'ouverture, interdiction aux enfants, cartels absurdes), imaginer des branches pour chaque domaine de compétence (la Section publicité par exemple) et, même, anticiper la chute de son château de cartes. En 1971, il proclame en effet le musée « à vendre pour cause de faillite », créant pour l'occasion la Section financière qui produit des lingots d'or d'un kilo, vendus au double de leur valeur – les 100 % d'inflation du prix du lingot correspondant, évidemment, à la valeur de l'art. Une provocation encore plus piquante quand on pense que, de l'autre côté de la Seine, les toutous clinquants de Jeff Koons ont pris possession du Centre Pompidou depuis le mois de novembre.


Tous les jours de 11h à 19h, nocturne le jeudi jusqu'à 22h.

Infos

Site Web de l'événement
art.monnaiedeparis.fr/fr
Adresse
Prix
De 8 à 12 €
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