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Mircea Cantor

  • 3 sur 5 étoiles
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Comme le veut la (récente) tradition, le lauréat du Prix Marcel Duchamp (le « Goncourt » de l'art contemporain) investit un coin de Beaubourg cet automne, histoire de poser un pied ferme dans l'univers des musées. Après Cyprien Gaillard l’an dernier, c'est donc au tour de Mircea Cantor d'occuper l'espace 315, avec deux installations un peu décevantes - entre guirlandes d'épingles à nourrice dorées en forme de double-hélice ADN, et tamis remplis de balles de fusil en béton et en or - et deux vidéos qui reflètent, au contraire, toute la sensibilité de sa démarche.

L'une, sobre, poétique, aux résonances tribales, se penche sur un cercle d’individus, sans doute des mendiants, recroquevillés au sol comme pour quémander ou prier. Au milieu circule un personnage énigmatique – une sorte de prêtresse vêtue d'un grand drapé et munie d'une mèche à brûler qu'elle va déposer de main en main avant de l’embraser. Quatre minutes pour se laisser porter par une allégorie ambiguë, qui nous catapulte vers le vertige de la religion, les rites d’intronisation du Pape, l’orgueil du pouvoir, les rapports de domination ou, pourquoi pas, vers le mythe de Prométhée, responsable d’avoir volé le feu sacré de l’Olympe pour redistribuer le savoir des dieux aux hommes. Quatre minutes, rythmées par l’accélération folle des percussions et la course démesurée de la flamme, pour ouvrir la boîte de Pandore, jouer avec le feu et, selon les points de vue, lorgner vers les inégalités sociales. A chacun d’y déceler ce qu’il veut – Mircea Cantor n’impose aucune interprétation, laisse seulement planer des évocations, ouvertes, brutes.

L'autre vidéo, d'une durée de treize secondes à peine, nous renvoie plutôt du côté de Sisyphe. Diffusé en boucle, un enfant souffle sur des couteaux placés à la verticale, les fait tomber, les ramasse, les repose sur la table puis les renverse à nouveau. Indéfiniment. Enfermé dans une lutte absurde et grinçante entre l'élan de la vie et les lames de la faucheuse. Ou comment jouer à se couper le souffle, pour de vrai, sans jamais passer l’arme à gauche.

Infos

Site Web de l'événement
www.centrepompidou.fr
Adresse
Prix
De 9 à 13 €
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