Rarement une artiste française aura autant choqué l’opinion publique. Et pour cause : depuis les années 1960, Orlan n’a de cesse de questionner la place du corps et de ses représentations (d’abord celui de la femme, puis plus généralement celui des êtres humains) dans la société et le monde de l’art. Ainsi, son œuvre prend parfois des formes inattendues et transgressives, comme avec sa série de transformations par le biais d’opérations chirurgicales, avec ses 9 passages sur le billard entre 1990 et 1993 (notamment pour des implants de pommettes au niveau des tempes) ; des performances qui faisaient du bloc opératoire une galerie d’art. Si cette période reste la plus largement connue de l’artiste, son influence reste aujourd’hui forte grâce à son intérêt précoce et croissant pour les biotechnologies.
Son expo au Centre des arts d’Enghien (accessible en 15 minutes depuis gare du Nord) est à l’image de ces préoccupations, comme l’annonce son titre ‘Strip-tease des cellules jusqu’à l’os’. Cet art littéralement « charnel » prendra cette fois la forme de portraits interactifs (à travers un jeu vidéo) et de personnages virtuels en 3D la représentant. Comme pour à la fois mettre de la distance (le virtuel), tout en plongeant au plus profond du corps (strate cellulaire), et ainsi faire résonner l’universalité de la démarche au-delà de l’identité et des particularités de l’enveloppe charnelle. Une visite qui s’annonce pour le moins remuante.
