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Hodler, Monet, Munch, peindre l'impossible

  • Art, Peinture
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Hodler, Monet et Munch réunis pour la première fois dans un combat sublime contre les parades de la nature.

'Peindre l’impossible'. Voilà le titre bien ambitieux que le musée Marmottan donne à sa nouvelle exposition, laquelle rassemble des œuvres de Monet, Hodler et Munch. Un trio d’exception réuni au prétexte d’un questionnement piquant mais abordé de façon quelque peu décevante. Le paradoxe, qui pourrait être celui de représenter l’invisible et de rendre visible l’impensable, se réduit dès la première salle à la difficulté que rencontrèrent ces trois géants de la peinture (comme bien d’autres avant et après eux) à donner vie sur la toile à l’éclat de la neige, à l’aveuglement provoqué par le soleil, aux ondulations incessantes de l’eau. Et de fait, l’exposition s’organise en une succession de thèmes : paysages enneigés, horizons marins, couchers de soleil, massifs de montagne, etc.

Des œuvres à ne pas manquer

Mais s’il y a erreur sur le titre, on ne doute pas un seul instant de l’intérêt de la sélection issue de la rencontre entre le musée Marmottan et le critique d’art Philippe Dagen. On y découvre un Munch dont le toucher est encore empreint de l’héritage de Van Gogh et de l’impressionnisme, cherchant son mode d’expression propre. Ici l’on peut prêter attention à son utilisation du vide et du blanc, lui que l’on abandonne trop souvent à son obscurité. Edvard Munch artiste et alchimiste, plus que simple enfant terrible de la peinture, donc. Et si le sommet de l’exposition nous semble revenir aux compositions d’Hodler, dont les montagnes se perdent dans un brouillard digne d’une Georgia O’Keeffe, on n’en est pas moins stupéfaits devant ces yeux-soleils que s’est acharné à peindre le Norvégien, comme en réponse à l’effacement solaire préféré au siècle précédent par Turner.

Peindre son rapport à la vie

Et c’est peut-être justement ça que met en valeur a contrario l’exposition : l’acharnement, la confrontation tenace, le corps-à-corps auquel s’adonne le peintre avec l’emprise de ses sensations et dont Monet se plaint tant alors qu’il perd progressivement la vue. Il ne s’agit pas pour les trois peintres d’un affrontement avec ce qui ne peut avoir lieu, mais bien avec ce qui a lieu et même avec ce qui est lieu, et qui fait de l’évidence une véritable adversaire. On le sait, ces coups de pinceau, qui rappellent à quel point le monde sensible est coriace, ne relèvent pas d’une volonté de mimêsis mais davantage de ce que Munch décrivait comme sa « tentative pour tirer au clair, pour moi-même, mon rapport avec la vie… ». Ainsi 'La Débâcle à Vétheuil' (1880) de Monet porte  bien son nom et 'La Barque' (1887) a ceci d’exceptionnel que le courant angoissant de l’eau semble aspirer le spectateur avec lui. Et Munch d’ajouter : « C’est au fond une forme d’égoïsme, mais je ne renonce pas à espérer qu’avec son aide je parviendrai à aider d’autres gens à se comprendre. »

A l’unisson, les glaciers aux allures de papier froissé d’Hodler, les soleils feutrés de Monet et les paysages aqueux de Munch s’offrent à nous comme pour la première fois. Impossible de ne pas tomber sous le charme.  

Cette exposition fait partie de notre sélection des meilleures expositions à Paris

Écrit par
Lola Levent

Infos

Site Web de l'événement
www.marmottan.com
Adresse
Prix
11 €
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