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Ready (to be) made : Bas Jan Ader, Taiyo Onorato et Nico Krebs

  • Art, Photographie
  • 4 sur 5 étoiles
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Un vent de légèreté souffle sur le BAL. Après plusieurs rétrospectives un brin solennelles (Chris Killip et sa Grande-Bretagne industrielle, Paul Graham et ses chômeurs laissés pour compte, Antoine d’Agata et son monde peuplé de toxicomanes, de prostituées et de clochards), l’antre de Raymond Depardon s’éloigne de l’image documentaire brute pour s’aventurer, le temps d’une exposition, vers des expressions plus fantasques, plus espiègles. Moins connus, les trois artistes réunis dans ‘Ready (to be) made’ prennent un malin plaisir à déjouer la réalité, plutôt que de s’obstiner à en décrire les maux et les contours. Ici, on ne se plie pas aux lois du monde tangible : on les défie, en cherchant à provoquer « l’accidentellement vrai ».

A l’étage, Bas Jan Ader, performer hollandais des seventies sorti depuis peu des oubliettes, joue ainsi sur l’idée de ‘Gravité’ au fil d’une série de courtes vidéos où on le voit tomber à la renverse, dans un délicieux mélange d’absurdité et d’ironie. Tomber d’un toit, tomber d’un vélo, tomber d’une branche d’arbre, tomber du haut de ses longues guiboles. Chez cet artiste décédé à l’âge de 33 ans dans un naufrage, toutes les situations mènent vers le même inéluctable dénouement – cette lente chute autoprogrammée qui lorgne vers quelque chose d’à la fois terrible, de dramatique, de crétin et d’une simplicité désarmante. Un penchant renversant pour l’apesanteur et le non-sens que l’on retrouve au sous-sol, sous une forme plus enlevée, dans le monde sémillant de Taiyo Onorato et Nico Krebs. Avec ‘The Great Unreal’, le duo suisse, après avoir sillonné les routes de l’ouest américain, revisite le genre du « road trip » en puisant dans le réel des éléments merveilleux, ou en intervenant, au contraire, dans les paysages du Far West pour y distiller une poésie de l'inconcevable (soit en plantant des éléments improbables dans le décor, soit en procédant à des montages et des retouches).

Des routes qui tournent en rond, des chambres de motel échouées dans des forêts, des highways qui percent à travers des montagnes de draps et de duvet… Onorato et Krebs activent le doute, invitent toujours notre regard à chercher la supercherie, à décrypter l’image pour faire la distinction entre les invraisemblances du monde réel et les artifices qu’ils insinuent dans leurs photos. Ici, un cerf-volant en forme de fenêtre passe devant le mur d’une maison. Ailleurs, des marteaux installés sur une table au milieu de l’espace d’exposition jouent la B.O. d’une vidéo dans laquelle un type s’amuse à semer des coups de maillet sur des villes de béton et de ciment. Comme pour déformer, toujours un peu plus, la frontière lunatique qui sépare le vrai de l’imaginaire.

> Horaires : du mercredi au vendredi de midi à 20h (nocturne le jeudi jusqu’à 22h), le samedi de 11h à 20h et le dimanche de 11h à 19h

Infos

Adresse
Prix
De 4 à 5 €
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