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Ron Mueck

  • Art, Installation
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Time Out dit

Il n'y avait qu'à voir l'empressement des journalistes à filmer et photographier sous toutes les coutures les œuvres de Ron Mueck pour comprendre à quel point celles-ci sont photogéniques. Représentations réalistes du corps humain rendues dissonantes par des changements d'échelles surprenants, elles accrochent le regard. Ici, une femme potelée d'à peine un mètre de haut ramasse du bois, nue. Là-bas, un couple de vieux sous leur parasol, paisibles géants en short, se réchauffe sous le soleil qui transperce les baies vitrées de la Fondation Cartier. Dans la plupart des cas, on admire le sens des proportions, les expressions troublantes, la qualité des textures, le soin porté à la peau dont l'Australien restitue les rougeurs, les plis, les veines, l'usure, les poils. Pas de doute, cet ancien fabriquant de mannequins pour la publicité et la télévision (notamment le ‘Muppet Show’) est très fort pour imiter le corps humain, même si les sculptures de Cang Xin, Sun Yuan ou Peng Yu (vues à la Saatchi Gallery de Londres en 2008) ont égalé, voire surpassé, sa technique.

Mais la grosse différence, c'est que ces artistes chinois utilisent l'ultraréalisme de leurs sculptures pour nourrir des œuvres d'art, là où Ron Mueck, lui, semble s'arrêter à cette satisfaction du travail bien fait, comme le ferait un talentueux maquilleur de cinéma. A moins qu'il ne faille insister pour y voir quelques références à l'univers du conte ? A l'expression de la solitude, de l'intime, de l'incertitude humaine ? A un jeu de miroirs déformants qui nous pousse à reconsidérer notre propre image, comme Voltaire avec ses Micromégas (et ses Saturniens) ou Jonathan Swift dans 'Les Voyages de Gulliver' ?

Au-delà de la sensation d'étrangeté que ses personnages diffusent au premier abord, force est de constater que le propos de Mueck reste très artificiel – et que depuis l'exposition que lui avait déjà consacré la Fondation Cartier en 2005, il n'a pas évolué. D'ailleurs, même lorsque les sculptures pourraient dialoguer entre elles, l'espace qui les sépare est trop grand pour qu'une perspective globale surgisse réellement. Seul le gigantesque poulet plumé suspendu par les pattes, unique animal parmi les neuf pièces présentées, s'avère un peu plus intéressant, entrechoquant une image médiatique à la tradition des natures mortes. Mais ça ne suffit pas à faire une exposition d'art. Juste un ensemble photogénique.

> Horaires : du mardi au dimanche de 11h à 21h, nocturne le mardi jusqu'à 22h. Nocturnes exceptionnelles les vendredi 25 et samedi 26 octobre jusqu'à 1h du matin.

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Adresse
Prix
De 7 à 10,50 €
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