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Sergey Ponomarev : Effondrements

  • Art, Photographie
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Sergey Ponomarev photographie la guerre. Mais pas celle des avions de combat, des uniformes amidonnés, des armes modernes et des chars d'assaut. La guerre de Ponomarev est urbaine, sale ; elle s'est enlisée depuis des mois, parfois des années. Elle ronge, chaque jour, les rues et les immeubles, saupoudrant le décor de ce gris cendreux, neige étouffante qui ôte toutes ses couleurs à la ville. Du coup – à l'image de cette affiche lumineuse de Bachar el-Assad tout sourire qui recouvre des décombres –, voir surgir du rouge, du jaune, du bleu ou du vert fait presque sursauter. Pour le meilleur, lorsque les tenues colorées réinvestissent les rues ; ou pour le pire, quand le sang est encore suffisamment frais pour ne pas avoir été voilé par l'habituelle couche de poussière.

Afghanistan, Syrie, Palestine, Ukraine : ici la guerre semble devenue la norme. Tristement, les habitants de Kaboul ou de Rafah donnent l'impression d'avoir appris à vivre avec elle, à coexister avec la mort et l'horreur. Des pique-niques tranquilles, à peine perturbés par des hélicoptères noirs qui jurent dans le ciel bleu. Des matchs de foot improvisés dans des décors lunaires, faits de ruines et de cicatrices. Le photographe moscovite né en 1980 capture ces instants de paradoxe, lorsque l'espoir et le désespoir se côtoient, sur le fil. Comme ces Palestiniens qui balaient le sol à Gaza pour préparer la prière, les hommes qu’il photographie ressemblent à des Sisyphes, reconstruisant chaque jour ce que la veille a détruit. La résurgence d'images que l'on croyait disparues, comme ce portrait de Staline exhibé lors d'une manifestation à Donetsk en 2014, martèle encore ce sentiment de répétition : finalement, les photos de Ponomarev paraissent désespérément proches de celles, par exemple, d'un Cartier-Bresson immortalisant Séville détruite par la guerre civile espagnole. C'était il y a quatre-vingts ans, et rien n'a changé.

Tous les jours de 11h à 20h.

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