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Tiki Pop

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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Apparu dans les toiles de Gauguin ou les récits de Loti, London et Stevenson, le fantasme des mers du Sud s'étend dès les années 1930 à la musique et au cinéma américains. Rêve gorgé de douceur, de soleil et de jolies demoiselles hâlées à moitié à poil, cette mode contamine rapidement tous les pans de la culture populaire au cours des années 1950-60. Encore traumatisée par les combats sur les plages du Pacifique contre les Japonais, l'Amérique voit en cet Eden pittoresque un antidote cathartique.

De Marlon Brando à Elvis (grand absent de cette exposition, bizarrement), des bars en forme de hutte aux motels ou aux bowlings qui, jusqu'au fin fond de l'Oklahoma, succombent au décor fait de noix de coco, de bambou et de raphia (sans oublier les palmiers en plastique), tout le monde ondule au son des vagues hawaïennes. Appuyé par Hollywood et ses starlettes qui jouent les vahinés, la Polynésie devient une nouvelle banlieue de Los Angeles.

Si l'exposition montre bien comment cette imagerie exotique plastifiée s'est rapidement diffusée dans toute la société, devenant le fantasme numéro un du bon père de famille américain, on regrettera la scénographie sombre et monotone (hormis ce bar reconstitué qui, vide, ne sert finalement pas à grand-chose) alors que l'on attendait à se plonger dans l'ambiance exubérante de cette esthétique en toc. Mais le plus intéressant, c'est finalement le portrait de la société américaine que dresse, en creux, cet hommage au courant Tiki.

Derrière le triomphe de l'American way of life, derrière la machine à laver qui ronronne dans la cuisine et la nouvelle voiture chromée qui se repose dans le garage, les Etats-Unis des fifties restent corsetés par l'hypocrisie puritaine et l'oppression maccarthyste. Alors l'alcool coule à flots, les cocktails à la sauce aloha se multiplient, Nixon boit des mai tai. Et la Hula Girl, seins nus ostensiblement mal planqués sous son collier de fleurs artificielles, devient un sex symbol exutoire. Profondément machiste et nourri de relents coloniaux, voire racistes, le style vahiné ne pouvait survivre à l'avènement de la contre-culture de la fin des années 1960. Et le dieu Tiki disparut aussi vite qu'il était arrivé.


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De 7 à 9 €
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