Recevez Time Out dans votre boite mail

Recherche

Vingt-cinq ans de créativité arabe

  • Art
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Publicité

Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, cette exposition, qui marque les vingt-cinq ans de l’Institut du Monde Arabe, ne fait pas l’inventaire de l'art du dernier quart de siècle : elle révèle plutôt un large éventail d’œuvres très récentes issues du monde arabe. S’appuyer sur le travail d’une quarantaine d’artistes pour tenter de prélever l’essence, la variété et la complexité des visions qui se forgent actuellement du côté de Tanger, de Bagdad, du Caire et du Koweït : un défi que l’IMA était bien placé pour relever. Et le résultat, quoique inégal, dresse dans son ensemble un portrait dynamique, intelligent et perspicace de l’art contemporain de la région, avec son lot d’engagements et de préoccupations.

Les œuvres les moins convaincantes sont celles qui abordent des thèmes que l’on associe le plus souvent (et le plus maladroitement) au monde islamique : l’arc-en-ciel de femmes en burqas d’Arwa Abouon, les cercueils patauds de Khaled Hafez criblés d’une bande-son archiviolente, la vidéo d’un homme en habit traditionnel observant un désert vide... Les pièces qui se démarquent sont au contraire celles qui explorent des concepts plus subtils liés à la mémoire, à l’identité, à l’appartenance géographique, à l’exil – souvent de manière impertinente, drôle ou espiègle. L’installation ‘Fair Skies’ de Mahmoud Obaidi affiche notamment une série de distributeurs automatiques de « produits de qualité pour un voyage sans tracas et un monde meilleur » (de la teinture pour cheveux et de l’éclaircissant pour la peau) destinés à des hommes comme lui, qui ont grand besoin de « ne pas passer pour des terroristes aux yeux des autorités aéroportuaires américaines ». Maha Malluh, elle, invente des images de rayons X pour dévoiler le contenu des valises de voyageurs, tandis que Safaa Erruas recrée les vingt-deux drapeaux des pays arabes avec des perles blanches. Et le bouquet final : ce grand tampon d’Abdulnasser Gharem (ci-dessus) qui s’attaque à la tortueuse bureaucratie saoudienne avec ce slogan, imprimé en bas du cachet : "Have a bit of commitment - Insh'Allah" (« Soyez un peu engagés – Inch’Allah »).

La peur et la confusion sont là – la rage aussi. Dans les gros barbouillages de peinture rouge qui recouvrent la réaction de Waheeda Malullah aux manifestations de 2011 au Bahreïn ; dans le film troublant ‘Tag’Out’ d’Ammar Bouras qui expose sur plusieurs écrans le portrait du dirigeant algérien assassiné en 1992 Mohamed Boudiaf ; dans les rangées accusatrices de bouteilles de verre remplies du sable des tombes de soldats américains enterrés en Tunisie, signées Nadia Kaabi-Linke. Mais il y a surtout là une insatiable volonté de communiquer, de trouver des alternatives, de susciter le dialogue et de contester l'ordre établi. De là-bas, mais aussi d'ici.

> Horaires : du mardi au jeudi de 10h à 18h, le vendredi jusqu'à 21h30, le samedi et le dimanche de 10h à 19h

Infos

Site Web de l'événement
www.imarabe.org/
Adresse
Prix
7 €
Publicité
Vous aimerez aussi
Vous aimerez aussi