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certains l'aiment chaud
© ChantaColors/DR

10 travestis et transgenres célèbres du cinéma

Cet acteur est-il un homme ? Une femme ? Peu importe : il est génial !

Écrit par
Thomas Sevin
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Qu’ils soient au centre du film ou qu’ils gravitent autour d’autres personnages, les rôles de travestis et de transsexuels ont toujours fait forte impression sur grand écran. Leur ambiguïté érotique et leur excentricité en font des prestations très prisées, notamment à Hollywood où la question de la performance d’un acteur est primordiale. Car c’est bien souvent l’occasion pour ces interprètes, quand ils ne tombent pas dans la caricature, de repousser les limites de leur jeu en abordant des sujets brûlants, aujourd’hui encore plus qu’hier.
Mais lancer le débat sur l’identité sexuelle et le genre n’est pas la seule préoccupation des longs métrages qui mettent en scène ces personnages. Parfois la simple mise en abyme du métier de comédien ou la pure orgie créative sont les éléments qui motivent le réalisateur, comme c’est le cas du fameux ‘Rocky Horror Picture Show’. A l’occasion de son quarantième anniversaire, cette œuvre devenue culte fait d’ailleurs l’objet de projections inédites dans les salles obscures ce jeudi 13 avril. Alors profitons-en pour entreprendre un tour d’horizon des rôles transgenres et de travestis les plus marquants de l’histoire du cinéma. Auxquels pourraient s'ajouter les récents 'The Danish Girl', 'Une nouvelle amie' et l'inénarrable 'Pink Flamingos' de John Waters. 

Tim Curry dans ‘The Rocky Horror Picture Show’
© 20th Century Fox

Tim Curry dans ‘The Rocky Horror Picture Show’

Il est impossible de commencer cette liste sans évoquer la performance de Tim Curry dans le ‘Rocky Horror Picture Show’ justement. Le docteur Frank-N-Furter est un « gentil travesti qui vient de Transsexuel en Transylvanie », comme il se présente lui-même. En corset lacé et jarretelles trouées, monsieur Hector de ‘Maman j’ai encore raté l’avion’ incarne l’excentricité poussée à l’extrême. Au point de susciter des avis clivants, certains le considérant déjanté et d’autres carrément de mauvais goût. Il n’empêche que le film s’est construit une base solide de fans à travers le monde entier. Il possède même le record de la plus longue durée d’exploitation. Une légende que le Studio Galande à Paris aide à perpétuer grâce à des séances aux allures de rituel, où une troupe d’acteurs s’amuse à rejouer les événements du film en direct et en interaction avec le public. Dans tous les cas, il est indéniable que le succès du ‘Rocky’ doit beaucoup au jeu à la fois génial et outrageant de Tim Curry. Si ce n’est plus !

Jack Lemmon et Tony Curtis dans ‘Certains l’aiment chaud’
© United Artists Corporation

Jack Lemmon et Tony Curtis dans ‘Certains l’aiment chaud’

Pendant bien longtemps, le travesti au cinéma avait besoin d’une excuse pour jouer sur son identité. Mais à la fin des années 1950, Billy Wilder, sous couvert d’un scénario comique très banal, change subtilement la donne. Dans ‘Certains l’aiment chaud’, deux musiciens interprétés par Tony Curtis et Jack Lemmon vont ainsi se transformer en femmes et intégrer un orchestre exclusivement féminin afin d’échapper à la mafia qui les pourchasse. Joe et Jerry deviennent donc Joséphine et Daphné. Le pitch de base à beau être relativement simple, son déroulé n’en est pas moins audacieux pour l’époque. Car si Tony Curtis incarne la figure classique du personnage qui se travestit à contrecœur, Jack Lemmon, lui, finit par se découvrir en femme. Une performance qui lui vaudra d’ailleurs d’être nommé aux Oscars, l’acteur pavant la voie d’un transformisme qui ne soit plus seulement ressort comique au cinéma.

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Dustin Hoffman dans ‘Tootsie’
© Allstar/COLUMBIA

Dustin Hoffman dans ‘Tootsie’

Michael Dorsey est un bon comédien qui peine pourtant à atteindre le succès. Jusqu’au jour où il décide de devenir… une actrice. Un rôle étonnant pour Dustin Hoffman mais qui reste, encore aujourd’hui, l’un des plus marquants de sa carrière. Comme son personnage au cours du film, il déclare avoir beaucoup appris de cette expérience. Il faut dire que ‘Tootsie’ est le parfait exemple de mise en abyme du métier d’acteur qui, en inscrivant le travestissement comme élément de réussite, évite les clichés sur le genre et va au-delà de la gentille comédie. En plein milieu des années 1980, ce film réussit donc à se faire partisan de la cause féministe tout en nous enseignant que c’est quelquefois en changeant ce que l’on est que l’on peut découvrir qui l’on est réellement. Absolument nécessaire et innovant.

Miguel Bosé dans ‘Talons aiguilles’
© Ciby 2000

Miguel Bosé dans ‘Talons aiguilles’

Au cinéma, les travestis possèdent bien souvent de multiples facettes. Miguel Bosé, chanteur très connu en Espagne, nous le prouve dans ‘Talons aiguilles’, le neuvième long métrage de Pedro Almodovar. Accompagné à l’écran par Victoria Abril et Marisa Paredes, dont la relation mère-fille est au centre de l’intrigue, Miguel incarne un juge et artiste de cabaret à ses heures perdues. Ses divers alias sont autant de rôles différents qu’il prend plaisir à faire vivre. Véritable déclaration d’amour au monde de la nuit qui fascine tant Almodovar, ‘Talons aiguilles’ s’avère rempli des fantasmes de son auteur. C’est d’ailleurs dans la part cachée des choses qu’elle prend plaisir à dévoiler au spectateur que cette œuvre magistrale se révèle.

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Roschdy Zem dans ‘Change-moi ma vie’
© M6 Film

Roschdy Zem dans ‘Change-moi ma vie’

Une fois n’est pas coutume, le travestissement ne doit pas se cantonner au comique mais peut aussi faire un très bon sujet dramatique. Liria Bégéja l’a très bien compris, comme elle nous le prouve avec ‘Change-moi ma vie’. Ici, point d’exhibition ou d’extravagance. La réalisatrice nous raconte de manière très crue la quête d’un immigré algérien obligé de se travestir et de se prostituer pour subvenir à ses besoins. Et ce avec un Roschdy Zem qui crève l’écran en prêtant ses traits à Sami, rêveur rattrapé par la vie. Le duo d’amoureux atypique qu’il forme avec Fanny Ardant insuffle force d’énergie et d’émotions à une histoire tragique qui a au moins le mérite d’évoquer sans fards un sujet difficile.

Terence Stamp dans ‘Priscilla, folle du désert’
© PolyGram

Terence Stamp dans ‘Priscilla, folle du désert’

‘Priscilla, folle du désert’ raconte le périple à travers l’Australie de deux drag queens et d’une transsexuelle, embarqués dans un bus qu’ils baptisent « Priscilla ». Cette équipe hors du commun se compose de Tick/Mitzi, Adam/Felicia et Bernadette respectivement incarnés par Hugo Weaving et Guy Pearce – à l’époque deux stars en devenir – ainsi que Terence Stamp. Ce dernier, habitué à des prestations plus viriles dans une carrière déjà bien conséquente, démontre ici qu’il en a encore sous le capot. L’alchimie qui unit le trio d’acteurs et le regard bienveillant que porte le film sur ses personnages ont aussi rendu ce long métrage instantanément culte pour la communauté LGBT, dès sa sortie en 1994. Bref, ce road-movie atypique et exubérant vaut le coup d’œil.

Jared Leto dans ‘Dallas Buyers Club’
© Truth Entertainment/ANNE MARIE FOX

Jared Leto dans ‘Dallas Buyers Club’

A la cérémonie des Oscars 2014, ‘Dallas Buyers Club’ a remporté trois statuettes : meilleur acteur pour Matthew McConaughey, puis meilleur second rôle pour Jared Leto et enfin, meilleurs maquillages et coiffures. Pour cause : dans la réalisation de Jean-Marc Vallée, c’est autant le jeu de Jared Leto que sa transformation physique impressionnante qui font du film un véritable chef-d’œuvre. Le comédien est en effet méconnaissable dans la peau de Rayon, séropositive transgenre qui va fonder le fameux Dallas Buyers Club avec Ron Woodroof, magnifiquement interprété par Matthew McConaughey. Jared Leto, rompu à l’exercice des rôles-défis (‘Requiem for a Dream’, ‘Mr Nobody’, etc.), prouve une fois de plus qu’il est à la hauteur de la tâche qui lui a été confiée. Ce film difficile explorant des thématiques d’actualité très sensibles doit donc énormément à la performance juste et désarmante de ses deux acteurs principaux.

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Felicity Huffman dans ‘Transamerica’
© Snap Stills / Rex Features

Felicity Huffman dans ‘Transamerica’

La question du changement de sexe a été abordée à de nombreuses reprises au cinéma. L’occasion pour de nombreux cinéastes de toucher des problématiques qui ne laissent personne indifférent tout en proposant un rôle en or pour un acteur. L’originalité de ‘Transamerica’ réside dans le fait que la partition soit, cette fois, jouée par une actrice. Et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de Felicity Huffman. La ‘Desperate Housewife’ se voit ici chargée de rendre palpable l’histoire de Bree, une femme transgenre qui, en attendant sa vaginoplastie, va se retrouver confrontée à son passé et à un fils dont elle ignorait l’existence. Complètement transfigurée, Felicity livre une composition aussi intelligente que percutante. Car le principal atout de ce road-movie est la légèreté avec laquelle il traite des sujets très sensibles. Son humour parfaitement dosé et son ton qui ne se veut pas moralisateur amène en douceur une réflexion sur l’identité des individus et sur la société américaine de ce début de siècle. En somme, ce film est fin et se regarde donc sans faim !

Antonio San Juan dans ‘Tout sur ma mère’
© DR

Antonio San Juan dans ‘Tout sur ma mère’

Tout au long de sa prolifique carrière, Pedro Almodovar n’aura eu de cesse de mettre en scène des protagonistes à l’identité sexuelle ambigüe. En 1999, ’Tout sur ma mère’ raconte ainsi la quête d’une maman pour retrouver le père de son fils décédé. Mais dans toute la galerie de personnages colorés que possède ce film, c’est Agrado, une prostituée transsexuelle, qui retient l’attention. D’autant plus qu’Antonia San Juan, l’actrice qui l’incarne, a elle aussi changé de sexe. Le fait qu’un tel rôle soit rarement offert à des interprètes transgenres donne à la réalisation d’Almodovar un cachet et une authenticité supplémentaire. Véritable hommage à l’univers du transformisme et à l’imagerie homosexuelle, ‘Tout sur ma mère’ séduit par conséquent le spectateur en l’immergeant dans un monde fantasque et chamarré.

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Melvil Poupaud dans ‘Laurence Anyways’
© MK2 Productions

Melvil Poupaud dans ‘Laurence Anyways’

Avec son troisième long métrage, Xavier Dolan s’attaque directement au thème du changement d’identité, avec Melvil Poupaud pour tenir le rôle-titre. Tout commence quand Laurence annonce à sa petite amie, jouée par Suzanne Clément, qu’il souhaite devenir une femme. S’ensuit alors un combat contre les préjugés : ceux de la société, de leur entourage mais également les leurs. Le thème central de l’abrogation des frontières sexuelles est alors traité avec beaucoup de justesse au travers des péripéties de ce couple singulier. Par sa prestation puissante, Melvil Poupaud s’affirmera, quant à lui, comme un talent évident du cinéma français actuel. 

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