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Illégitime

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Illegitime
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Un drame familial roumain, malin et original.

D’emblée le film a le mérite d’affirmer une tonalité assez singulière, plongeant le spectateur en plein cœur d’une question de philosophie morale au cours d’un repas de famille, où l’on découvre découvre que le père, Victor (Adrian Titieni), obstétricien veuf, dénonça jadis au régime de Ceaucescu les femmes venues le voir pour avorter. Dit comme ça, le daron apparaît évidemment comme une raclure. Et ses enfants sont choqués.

Sauf qu’en invoquant la loi de l’époque qui interdisait l’avortement, Victor pose une question plus complexe ; celle de la morale intime face à la légalité. C’est effectivement là tout le thème d’‘Illégitime’, où l’on apprend bientôt qu’une sœur et son frère jumeau, des six enfants de Victor, couchent ensemble. Sacrée famille, hein ? Ceci dit, jusqu’ici tout va bien. Le moment où ça dérape, c’est quand elle se rend compte qu’elle est enceinte.

Si le propos d’ ‘Illégitime’ peut rappeler celui de ‘4 mois, 3 semaines, 2 jours’ de Cristian Mungiu (l’interdiction de l’avortement dans la Roumanie encore récente, son carcan politique et social…), le ton en est très différent. Sans se croire tout à fait dans un film de Bruno Dumont (‘Ma loute’), l’inceste lui-même passe ici presque comme une lettre à la poste. Les personnages ne s’offusquent pas outre-mesure (ou plutôt ils ne font que s’offusquer), préservant, chez le spectateur, le questionnement moral de départ.

Bien sûr, le scénario se déroule alors un peu à la manière d’un théorème ou d’un cas d’école, et l'on reste, jusqu'au dernier plan, dans une certaine ambiguïté. Mais la réalisation d’Adrian Sitaru (style cru, caméra au poing assez documentaire) et l’interprétation des jumeaux, Romeo (Robi Urs) et – surtout – Sasha (Alina Grigore), parviennent à faire d’‘Illégitime’ un film malin et original. Peut-être juste un peu moins dérangeant qu’il ne le voudrait.

Écrit par
Alexandre Prouvèze
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