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Money Monster

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
2016 cannes film festival, Money Monster
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Le dernier film de Jodie Foster s’appelait ‘Beaver’ (2011) et mettait en scène un grisonnant Mel Gibson, à l’époque et aujourd’hui encore tricard à Hollywood, en train de remettre son couple et sa vie d’aplomb grâce à une marionnette de castor. Vous l’avez compris, Jodie est un peu restée coincée quelque part en 1995, et ce n’est pas près de s’arrêter avec son nouveau ‘Money Monster’. Ici, c’est le présentateur télé d’une émission sur la Bourse qui est pris en otage par un petit porteur d’actions ruiné à cause de la chute surprise du titre d’une grosse société. « Un couac » serait à l’origine de la perte de 800 millions d’euros, mais comme on s’en doute, l’affaire est plus compliquée qu’elle en a l’air. Une histoire de scandale financier bien dans l’air du temps donc (‘The Big Short’, ‘Le Loup de Wall Street’, ‘Cosmopolis’, ‘Inside Job’, ‘Le Capital’), mais traitée comme on l’aurait fait il y a vingt ans.

Avec George Clooney et Julia Roberts au casting, la réalisatrice ne fait pas qu’emprunter deux héros des nineties, elle impose également un ton entre comédie et thriller qui avait fait la marque de fabrique des années 1990. Par moments, les répliquent donnent carrément dans le burlesque, comme ce « tu me connais mieux que tout le monde, même ma femme » du grand méchant à sa maîtresse (qu’on croyait alors sa copine officielle), une phrase qui n’aurait pas fait tache dans un Feydeau. De même, beaucoup de scènes trouvent un dénouement malheureux et comique, que ce soit l’arrivée du négociateur de la police ou l’intervention de la petite amie du terroriste. L’autre bon côté de cette touche rétro, c’est que le scénario choie les personnages secondaires, à l’image du sympathique caméraman Lenny ou de l’amusant assistant de production Ron. Revers de la médaille, l’histoire reste à la surface et semble datée, se contentant de rejeter la faute sur le libre arbitre d’un seul homme plutôt que sur un système global.

Il faut dire que le film assume la légèreté, loin des critiques acerbes que la finance essuie un peu partout au cinéma en ce moment. Aucun parti pris réaliste ne vient donner une vraie consistance politique au film : les policiers sont des guignols, les balles ne tuent (presque) pas, les dircoms sont sympas, les hipsters regardent une émission de boursicotage au coffee shop du coin, un peu comme si à Paris tout le monde écoutait Jean-Pierre Gaillard faire des prévisions sur l’action Alcatel à la brasserie Barbès. A l’heure de Twitter, Facebook et Periscope, l’idée d’utiliser un show télé (lui-même ringard avec ses danseuses et ses buzzers) pour diffuser son message ne colle pas non plus à l’actualité la plus chaude. Si le film maintient sans cesse la tension et s’échappe du huis-clos au bon moment, n’attendez pas pour autant des idées de mise en scène avant-gardistes. Quand Jodie Foster cède à la tentation de l’effet spécial, c’est pour illustrer le couac informatique (« glitch ») à coups de sautes d’écran et de bugs télé. Au final, un charme désuet s’empare quand même du spectateur à la longue, le charme poivre et sel de George Clooney et celui des taches de rousseur de Julia Roberts.

Écrit par
Emmanuel Chirache

Détails de la sortie

  • Date de sortie:vendredi 27 mai 2016
  • Durée:98 mins

Crédits

  • Réalisateur:Jodie Foster
  • Scénariste:Alan DiFiore, Jamie Linden, Jim Kouf
  • Acteurs:
    • Julia Roberts
    • George Clooney
    • Dominic West
    • Jack O'Connell
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