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L'immense Abbas Kiarostami est mort. Hommage en trois courts métrages.

Écrit par
Alexandre Prouvèze
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Humble hommage au cinéaste iranien, avec ses deux premiers et son ultime courts métrages.

Après Yves Bonnefoy, irremplaçable poète et essayiste français, et l'Américain Michael Cimino, réalisateur maudit de 'La Porte du paradis' et 'Voyage au bout de l'enfer', la mort sera donc venue faucher l'immense cinéaste et poète iranien Abbas Kiarostami. Tout ça en moins d'une semaine... Ca commence à faire beaucoup. 

Le cinéma est en deuil et il y aurait évidemment mille choses à dire sur Abbas Kiarostami, sans doute le plus grand des réalisateurs contemporains (à part Godard, sinon, on ne voit pas) ; à commencer par l'intelligence et la profondeur de son art du récit, de ses dispositifs, où réalité et fiction se rendent indiscernables dans un mouvement tenant autant de la contemplation que de la métaphysique - voir, entre autres, son superbe 'Close-up', récemment repris en salles.

Mais il faudrait aussi évoquer sa filiation avec Ozu, Antonioni ou Bresson... Son minimalisme, sa délicatesse infinie, sa grâce de l'improvisation, sa temporalité singulière, sa reconnaissance internationale et son exil hors d'Iran, sa résistance à l'industrie du cinéma et de la culture monétisée, son utilisation de la caméra numérique, qu'il fut l'un des premiers à pratiquer comme outil de libération pour le cinéma d'auteur... Oui, il y aurait mille choses à dire, et on ne saurait les exprimer en arrivant à la cheville du philosophe Jean-Luc Nancy dans son essai 'L'Evidence du film : Abbas Kiarostami' (2007), vers lequel on invitera donc ici le lecteur à se tourner.

S'il ne fallait alors garder, pour le moment, qu'un aspect fragmentaire de l'œuvre incroyable du cinéaste persan et perçant, ce serait probablement son rapport à l'enfance, à sa beauté fragile, son innocence cruelle et sa poésie (voir notamment son long métrage de 1987, 'Où est la maison de mon ami ?'). « Cela commença sous les rires des enfants, cela finira par eux », écrivait Rimbaud dans son poème "Matinée d'ivresse". De même, l'œuvre de Kiarostami s'ouvre sur deux courts métrages sur le thème de l'enfance et se clôt, deux ans avant son ultime long métrage ('Like Someone in Love'), sur 'No' (2010), dernier court minimaliste et terriblement malin réalisé avec des gamines. Inutile d'en dire plus. Toute l'œuvre de Kiarostami reste à voir, à revoir. Voilà donc trois films courts avec lesquels commencer.

'Le Pain et la Rue' (1970), le tout premier film d'Abbas Kiarostami

 'La Récréation' (1972), son deuxième court métrage

 'No' (2010), dernier court métrage d'Abbas Kiarostami

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