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Mais que restera-t-il de Prince ?

Écrit par
Emmanuel Chirache
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Alors que Michael Jackson avait été adoubé « king of pop » par ses pairs, Rogers Nelson s'auto-proclamera seulement « prince » du funk. Un signe de modestie symbolique pour un artiste, the artist, dont la réputation de mégalomane cache difficilement un statut d'outsider perpétuel. Car si Prince est un « control freak » patenté, capable d'enregistrer quasiment tous les instruments sur un morceau en studio et de tout faire pour retrouver la propriété de ses droits d'auteur, il ne contrôlera en réalité jamais sa carrière. Son entêtement à lutter contre le piratage en retirant ses titres de toutes les plateformes de partage, légales ou non, provoquera sa perte à vitesse grand V dans les années 2000. Il faut le dire : tout le monde célèbre Prince, mais plus grand monde ne l'écoutait depuis longtemps.

Ses dix ou quinze derniers disques se sont à peine vendus et chaque sortie d'album devenait un peu plus confidentielle. En 2011, le musicien a peiné à remplir le stade de France, ce qui fit jaser certains journaux. Hormis "Cream", tous ses tubes datent des années 1980, et quelques-uns ont très mal vieilli. Alors que restera-t-il de Prince ? Des centaines de chansons imparfaites, méconnues, oubliées, qu'il faudra redécouvrir avec soin. Prince ne faisait pas des tubes, il fabriquait de la matière à concert, des esquisses de jam délirantes et fabuleuses. L'homme est une légende en live, un showman de génie. Prince a toujours voulu être le meilleur, le plus funky, le plus radical, le plus omnipotent. Il a toujours botté les fesses de ses titres durant ses performances, conçues comme des impros ultra maîtrisées, mais aussi multiplié les reprises pour montrer à quel point il se sentait l’héritier, le dépositaire, d’une tradition musicale qui le dépassait. Malgré sa mégalomanie avérée, le guitariste savait qu’il n’était qu’un serviteur d’une certaine idée de la musique. Un serviteur de la musique d'un mètre cinquante-huit.






le Cream acoustic par biff999

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