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Céleste Boursier-Mougenot : Acquaalta

  • Art, Installation
  • 4 sur 5 étoiles
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Avec le soleil qui commence à taper sur nos petits crânes fatigués, on se ferait bien une balade en barque au fil de l'eau, non ? Dans ce cas, oubliez Paris Plage et ses files d'attente, et filez plutôt dans les entrailles bétonnées du Palais de Tokyo, inondées pendant tout l'été par Céleste Boursier-Mougenot. L'artiste a choisi de bouleverser les structures classiques de l'exposition pour proposer une immersion (dans tous les sens du terme) du spectateur dans l'œuvre d'art. En écho à sa présence au pavillon français de la Biennale d'art contemporain de Venise, 'Acquaalta' tire son nom des inondations que subit la cité italienne entre l'automne et le printemps à cause du mouvement des marées.

Au cœur des salles majestueuses du Palais, l'eau noire et immobile s'insinue lentement, silencieuse comme l'était le fleuve Léthé qui coulait dans les Enfers de la mythologie grecque. Dans le rôle du passeur qui nous transporte d'une rive à l'autre, ce sont ici les visiteurs qui embarquent pour naviguer sur ces flots à la beauté macabre, cernés par un bourdonnement lancinant et juste éclairés par un flux d'images furtives. Les images en question représentent en fait le public lui-même, filmé par une caméra qui ne retranscrit que le mouvement : ne restent que des ombres fantomatiques et désincarnées, clin d'œil au mythe de Narcisse. Ou dernière trace des vivants dans ce monde lacustre, où la mort semble avoir installé ses quartiers.

Comme les enfants qui, dans 'La Nuit du chasseur', voguaient tout au long d'une nuit échevelée pour échapper au dangereux Robert Mitchum, le spectateur se trouve ici en position d'acteur dans un cadre fantasmagorique qui, au-delà du simple bouleversement des rôles et de son aspect ludique évident, arrive à composer une atmosphère étrange, mystique, très déstabilisante. Assiégés par les ombres de nos gestes passés, bercés par les rides de l'onde et des sons enivrants, nous voilà pris dans les filets de Céleste Boursier-Mougenot, échoués sur une île aux airs de ruine minérale. Avec une seule envie : ne pas traverser le fleuve pour rejoindre les vivants mais rester, ici, à jamais. Enfin… quelques minutes de plus, en tout cas.

Tous les jours de midi à minuit (brrr), sauf le mardi.

Infos

Site Web de l'événement
palaisdetokyo.com
Adresse
Prix
De 8 à 10 €
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