Indéniable meilleur chef italien de Paris, le Romain Giovanni Passerini s’impose pour nous comme l’un des meilleurs chefs de Paris tout court. Dans sa caverne moderne signée Asma Architects (sol en terrazzo, murs blancs, suspensions design, terrasse longiligne), cet ancien de Rino – trattoria qui a vu défiler Simone Tondo et Michele Farnesi – fait le grand écart entre la rassurante tradi de la Botte et les envolées gastronomiques époustouflantes, avec une vision très documentée et intellectuelle de la cuisine italienne. Chaque jour à midi, lui et sa pétillante épouse Justine proposent des plats désarmants de simplicité, avec deux entrées, deux pasta, un plat, un dessert et basta. A l’image de ces iconiques raviolis ricotta-épinards au beurre de sauge ou de cette tartelette ricotta/fraises coiffée d'un sorbet à la rhubarbe. Le soir, ça monte sérieusement en gamme avec l’un des menus les plus aboutis de la ville, qu’on vous conseille de boulotter en bande. Ne passez pas à côté du pigeon de Mesquer (70 € pour deux), jouissive pièce en deux services qui vous fera roucouler de bonheur – d'abord fettucine au ragoût de cœur et de foie, pleurotes et olives, puis carcasse à tortorer à la mano, accompagnée de purs produits de saison comme ces petits pois, cerises et salade aspergée de jus de cuisson. Pour faire passer le tout, faites confiance à Justine qui nous en fait boire de toutes les couleurs, convoquant la crème des vignerons de la Botte (et d’ailleurs), à l’image du maestro sic
La butte aux Cailles est au sud ce que la butte Montmartre est au nord : un village préservé des grands travaux haussmanniens, avec ses rues pavées labyrinthiques autrefois parsemées de moulins à vent, ses placettes arborées en pente douce et ses petits vieux sur les bancs, immuables. Pourtant toute proche du centre commercial ultra moderne et des cinémas de la bourdonnante place d’Italie, la butte aux Cailles est un havre de tranquillité qui a gardé son charme d’antan et reste méconnu des touristes. Comme une escapade en plein Paris, on aime s’y perdre entre les maisons ouvrières et leurs jardinets, emprunter des passages étroits tapissés de lierre, découvrir les dessins de Miss Tic et Nemo sur les murs. On vient dîner Au Temps des Cerises entre amis, prendre un verre au Merle Moqueur ou à La Folie en Tête, des noms tirés de la même célèbre chanson (si, si, fredonnez-la !). La charmante rue des Cinq Diamants égrène ses petits restaurants, dont le fameux Chez Gladines, toujours plein à craquer. A quelques stations de métro, Bercy est au contraire un quartier ultra moderne construit sur les anciens entrepôts de vins de la capitale, autour d’un paquebot architectural : le ministère des Finances. Le Palais omnisport avec ses événements sportifs et ses concerts, l’agréable et ludique parc de Bercy, la Cinémathèque et le « Village » avec son cinéma, ses magasins et ses restaurants, ont donné une dynamique nouvelle à ce quartier excentré auquel on reprochait son ambiance froide. Sur l’autre rive se dressent les tours de la BnF, un pôle culturel exceptionnel où sont proposées des expos remarquables. Si on aime les fêtes sur les bateaux, on vient profiter d’un concert de musique expérimentale à la Dame de Canton ou danser sur des beats électro dans les cales du Batofar. L’été, une plage s’installe sur les quais, donnant aux bords de Seine des airs de station balnéaire.