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Mémoires vives : 30 ans de la Fondation Cartier

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Time Out dit

Elles arrivent à grands pas, armées de leur portefeuille sans fond et de leur carnet d’adresses épais comme les Pages Jaunes. Deux nouvelles institutions privées qui devraient redessiner le paysage de l’art contemporain parisien dans les mois à venir. Côté Marais, la Fondation Galeries Lafayette, qui prévoit une ouverture en 2016. Côté Bois de Boulogne, la Fondation Louis Vuitton, impressionnante structure de verre et de fer réalisée par Frank Gehry, qu’on inaugurera en octobre – mois anniversaire (tiens, tiens) de la Fondation Cartier, qui fête ses 30 ans cette année. Le message est clair : la concurrence débarque, et pourrait mettre le pionnier des mécènes français en danger. Pour le bijoutier, le moment semble donc bien choisi de flamber un bon coup en consacrant une grande et longue exposition à ses collections, histoire de montrer à tout le monde qui est le roi de la jungle.

Pourquoi pas. Sauf que cette grand-messe nombriliste cache mal un discours creux et courbatu. ‘Mémoires vives’ ne chante pas les choix audacieux faits au cours des trente dernières années (car il y en a eu, notamment pendant les dix premières années d’existence de la Fondation Cartier à Jouy-en-Josas), mais fredonne au contraire l’engourdissement d’une structure qui, à défaut de redoubler de risques avec l’expérience et la maturité, prend la fâcheuse habitude de s'assoupir sur ses lauriers. Collectionnées ou commanditées au fil des années, les œuvres sélectionnées par les commissaires optent pour la facilité. Un magma de pièces tape-à-l’œil : l’avion de Marc Newson (‘Kelvin 40’), la monumentale dame alitée de Ron Mueck (‘In Bed’), la méta-peinture fluo d’Alessandro Medini (d’après le tableau ‘Code Warrior’ de Peter Halley). Un festival de name-dropping : David Lynch, Patti Smith, Takeshi Kitano, Moebius, Dennis Oppenheim, César... Et quelques pièces d’art brut disséminées ici ou là, comme des cheveux sur une soupe de homard.

Pas de cohérence, pas d’effet de surprise ni de fil conducteur. Juste un joli vivier d’œuvres qui font du bruit, prennent de la place ou scintillent de couleurs – fruits de trois décennies de résidences d’artistes-stars, de copinages et de débordements de tirelire. C’est dommage : la Fondation Cartier aurait pu se donner les moyens de crâner de façon constructive et intelligente en retraçant son parcours d'amphitryon de l'art contemporain, elle qui a contribué à propulser des artistes comme Miquel Barceló, Matthew Barney ou Juan Muñoz sur le devant de la scène française pendant les années 1980 et 1990. A la place, on sort de ces ‘Mémoires vives’ avec l’impression d’avoir été courtisée par le mec le plus beau du collège, trente ans plus tard – celui qui voulait être architecte-indépendant-philanthrope mais qui est finalement devenu agent-immobilier-costar-Armani-et-cheveux-gominés. Alors, on se dit que oui, il est peut-être temps d’aller voir ailleurs. Du côté du Marais ou du Bois de Boulogne par exemple.

Infos

Site Web de l'événement
fondation.cartier.com
Adresse
Prix
De 7 à 10,50 €
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