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Misia, reine de Paris

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Time Out dit

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Paul Morand disait d’elle qu’« elle excitait le génie comme certains rois savent fabriquer des vainqueurs, rien que par la vibration de son être ». Entre la fin du XIXe siècle et les Années folles, les salons parisiens ne juraient que par cette fille d'artistes, aujourd'hui méconnue. A la Belle Epoque, on aurait même croisé, avec un peu de chance, son joli minois dans un kiosque à journaux, photographié par Toulouse-Lautrec en couverture de la Revue blanche. D’origine russe, elle se faisait appeler Misia – ce qui est plus facile à porter, quand on veut s’imposer dans le gotha mondain, que Marie Sophie Olga Zénaïde Godebska. Le roman de sa vie, tumultueux, valait bien une exposition.

C’est au dernier étage, celui des impressionnistes, que le musée d’Orsay nous invite à découvrir cette muse d’artistes, séductrice et scandaleuse. On la connaît peut-être déjà sans la connaître : par sa silhouette, figée dans les huiles d’une toile de Bonnard ou de Renoir, par son charme slave, capturé par l’objectif de Vuillard, par sa fureur de vivre, couchée sur papier par Mirabeau (‘Le Foyer’, 1908) et Cocteau ('Les Monstres sacrés’, 1940). La scénographie, foisonnante au point d’être un brin brouillonne, arpente les moments-clés de son existence. Place, d’abord, à Misia musicienne de formation, une parenthèse de sa vie morcelée ici entre quelques tableaux de Vuillard, une estampe de Valloton et, diffusés en fond sonore, des morceaux composés en son honneur par Ravel et Satie. Vient ensuite la fastueuse période de la Revue blanche, publication d’avant-garde fondée par Thadée Natanson (qu’elle épouse à l’âge de 19 ans) autour de laquelle gravite le gratin des artistes de l’époque. Misia devient rapidement la coqueluche du cercle, se démultipliant sous forme de dessins, toiles, photos et autres hommages de choix : pendant que Vuillard peint sa nuque (un des clous de l’expo), Mallarmé lui dédicace des éventails. Non contente d’être la sève de toutes ces créations, Misia trouve aussi – entre ses séances de pose, sa vie de luxe et son addiction aux psychotropes – le temps de s’improviser Pygmalion : mécène des Ballets russes, elle supervise les créations de Diaghilev. Un grand espace est d’ailleurs consacré à 'Parade', à grand renfort de vidéos du ballet et d’imposantes répliques de costumes signés Picasso – qu’elle compte aussi, soit dit en passant, parmi ses amis.

Mariée et divorcée trois fois, Misia, c’est aussi les amours rocambolesques, les lettres, les colliers de perles, les crêpages de chignons… De quoi compléter ce puzzle qui grouille d’histoires : celles d’une femme, et de l’époque qui en fit une légende.

Infos

Site Web de l'événement
www.musee-orsay.fr
Adresse
Prix
Du mardi au dimanche de 9h30 à 18h, nocturne le jeudi jusqu'à 21h45 / De 6,5 à 9 €
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