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Papier glacé

  • Art, Photographie
  • 3 sur 5 étoiles
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Plus qu'une histoire de tailles de guêpes, de haute couture et de jolis minois, la photo de mode est une histoire de photographie. Du moins, quand on prend le haut du panier, comme cette exposition du musée Galliera, qui réunit 150 pépites du genre. Erwin Blumenfeld, David Bailey, Henry Clarke, Man Ray, Edward Steichen… On ne compte plus les maîtres du huitième art qui ont travaillé pour l'industrie du prêt-à-porter, réinventant leurs prises de vue au gré de l'évolution des mœurs, des styles et de la technologie. Pas une grande surprise : dans ce domaine, le groupe de presse le plus productif a été et reste (de loin) Condé Nast, éditeur des magazines Vogue, Vanity Fair, Glamour, W ou plus récemment Love. C'est sur son immense portfolio que se penche 'Papier glacé', avec une belle brochette de clichés historiques, où la mode prend parfois des allures de simple prétexte à un renouvellement continu du médium.

Il faut dire que les magazines féminins réunissent des conditions particulièrement propices à l’expérimentation : des budgets astronomiques, un besoin constant de surprendre les lectrices, une volonté de s'adapter aux goûts et aux créations en élaborant, encore et encore, des expressions inédites... Le Palais Galliera débroussaille tout ça en sautant d’une thématique à l’autre, n’oubliant ni la sacralisation du corps, ni l’émergence de la supermodel starifiée des nineties, ni la problématique de l’accessoire qui voit des photographes comme Guy Bourdin ou Miles Aldridge redoubler d’inventivité pour mettre en valeur un gant, un rouge à lèvres ou une paire d’escarpins. On nous parle de fiction avec les mises en scène millimétrées de Diane Arbus ou les improbables situations érotiques imaginées par Helmut Newton. De décors, avec ces femmes qui se fondent dans les formes cubistes d’une toile de Fernand Léger, sous l’objectif d’Erwin Blumenfeld. De mondes fantastiques, avec Sarah Moon et ses beautés diaphanes qui sirotent le café avec des hommes à tête d'animal.

Parfois, les époques s’éloignent les unes des autres pour mieux se répondre, plus tard, une fois que la mode a fait une boucle. Alors, on passe des intérieurs chics du Baron de Meyer à la rue de William Klein  décidé à conjuguer prêt-à-porter et street photography  avant de retomber dans le studio propret de Peter Lindbergh. Ailleurs, on voit l'élégance et l'harmonie primer dans les photos de Steichen ou de Man Ray pendant les années 1920 pour mieux se décontracter au fil du temps, jusqu’à ce que le mannequin finisse affalé dans son sofa, jambes nonchalamment écartées, paquets de clope et canette de Coca en guise de décor (Inez Van Lamsweerde et Vinoodh Matadin). Et toujours, ces silhouettes maniérées qui refont leur apparition, notamment sous le regard de Sølve Sundsbø ou Hans Feurer. Comme quoi, les bonnes vieilles traditions de la photographie de mode sont aussi tenaces que cette dure à cuire de femme-objet.

> Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu'à 21h.

Infos

Site Web de l'événement
palaisgalliera.paris.fr/
Adresse
Prix
De 4 à 8 €
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