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Radio : ouvrez grand vos oreilles

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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Alors que le débat fait rage sur l’avenir d’Internet, entre les partisans d’une liberté totale et les tenants d’une sécurité qui s’étendrait au virtuel, le musée des Arts et Métiers propose une exposition sur la radio. Si l’initiative peut sembler un brin anachronique, il apparaît vite que l’histoire du premier média électrique de masse fait étrangement écho à l’actualité du Web, et qu’elle pourrait bien nous éclairer sur l’avenir. Sujette à un monopole d’Etat dès 1945, la radio était à ses débuts faite par et pour des amateurs regroupés en associations, les sans-filistes. A l’époque, le média en est à ses balbutiements et ce sont ces bricoleurs qui définissent les règles et usages, un peu à l’image des premiers ingénieurs informaticiens et autres hackers. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pouvoir s’empare durablement de ce formidable outil de propagande (la véritable arme secrète de ce conflit) en soumettant la diffusion à une autorisation ministérielle. Les ondes ne seront « libérées » que trente-six ans plus tard, sous la pression des radios pirates d’abord, puis des radios libres.

L’une des qualités du parcours est de croiser les trajectoires technique et de contenu, en présentant à la fois de nombreuses antiquités (poste à galène, premiers transistors, microphones…) et une masse impressionnante d’extraits. Le visiteur progresse ainsi en suivant une frise chronologique s’étendant de la fin du XIXe à nos jours, jalonnée de voix et programmes plus intéressants les uns que les autres ; confortablement installé dans des cabinets d’écoute en forme de postes de radio (à l’esthétique discutable), l’auditeur traverse le temps. Les voix fantomatiques du Paris libéré côtoient les fictions sonores, dont celle de Yann Paranthoën qui, quatorze ans avant Orson Welles et sa ‘Guerre des mondes’ (1938), fit frissonner les ondes avec ‘Maremoto’, radio-drame proposant un (faux) naufrage en direct.

Compte tenu du lieu proposant l’exposition, on pouvait craindre une trop grande débauche de détails techniques, mais là aussi le musée des Arts et Métiers tire son épingle du jeu, invitant autant à comprendre qu’à écouter. Et malgré quelques faux-pas regrettables comme l’inexplicable absence de la durée des extraits diffusés ou une esthétique un peu triste, on pourrait passer des heures à se perdre et retrouver les voix qui ont marqué notre enfance, de Desproges et son ‘Tribunal des flagrants délires’ à Doc et Difool (Fun Radio) ou Supernana sur Carbone 14.

En dépit des apparences, et à contre-courant de l’idée qui veut qu’un nouveau média chasse ses prédécesseurs, la radio est encore et toujours d’actualité (pas moins de 81 % des Français l’écoutent chaque jour). Et a su brillamment utiliser Internet, à travers les podcasts ou la radio de création en ligne (dont Arte Radio est un digne représentant). Une fois sorti de cette expo, et après l’écoute de dizaines d’extraits, on se surprend à n’avoir qu’une chose en tête : plaquer son ordinateur et renouer avec ce bon vieux transistor.

Infos

Site Web de l'événement
radio.arts-et-metiers.net/exposition
Adresse
Prix
5,50 €
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