Le Cul de Poule

Le cul de poule n’est pas seulement une malformation de la bouche, c’est aussi un récipient de cuisine en métal, idéal pour les sauces et les gâteaux. Or, des sauces, vous en dégusterez de savoureuses dans ce minuscule restaurant (on me souffle dans l’oreillette qu’il s’agit d’un « néobistrot ») de la rue des Martyrs.

Si la terrasse ne paie pas de mine, il ne faut pas hésiter à s’aventurer à l’intérieur pour découvrir un endroit chaleureux, bien loin de l’ancien kebab qui occupait les lieux. Si vous n’avez pas réservé et que la salle du bas est bondée, vous pourrez toujours trouver refuge à l’étage, « un peu spécial » comme l’annonce une très sympathique serveuse. En longeant la fresque délirante dessinée par l’illustrateur Shoboshobo, vous découvrirez en effet des coussins moelleux sur lesquels vous pourrez manger allongé. Ne vous manquent plus que la toge et la grappe de raisin attrapée à pleine main pour une ambiance de banquet gréco-romain des plus décadentes.

Côté cuisine, les menus sont obligatoires et coûtent 15 euros pour une formule entrée-plat ou plat-dessert, ou 18 euros pour les trois (ajouter dix euros en soirée). Les mets sont frugaux mais ils suffisent aux appétits raisonnables. Surtout, ils ont le mérite d’être originaux et souvent renouvelés : gaspacho de carotte, tartare de saumon, daurade, salades de pâtes aux tomates séchées... A chaque fois, les arrangements et les sauces sont léchés, les produits sont de qualité (les légumes, par exemple, proviennent du fameux potager d’Alain Passard), et ça se sent.

En dessert, peu de choix mais toujours la même exigence de qualité, comme nous l’ont prouvé les fraises à la chantilly. Les vins naturels sont à l’avenant, au verre (5 euros) ou à la bouteille (32 euros). Au final, le Cul de Poule vaut le coup de pouce, même si la carte peut encore franchir un palier pour atteindre l’excellence.