Le Dix-Huit

La déco verse sans modération dans les tendances du moment. C’est plus chic que bohème (quartier oblige ?), mais assez joli, notamment au fond du restaurant, là où le plafond devient verrière. Côté cuisine, pas besoin de discuter, le chef philippin Aaron Isip met tout le monde d’accord. Influences asiatiques, ingrédients de choix, accords malins et percutants, cuissons parfaites : il y a de l’idée et du talent dans l’assiette.

Surtout que tout ça se donne à goûter pour des prix franchement raisonnables (entre 19 et 24 euros la formule) au déjeuner. La carte, changeante, se plie aux actualités du marché et à l’humeur du cuisinier. A chaque jour sa nouveauté, comme ce velouté de chou-fleur au chou Romanesco, accompagné d’une croquette de cochon de lait, vraiment délicieux, aux parfums surprenants. Tellement bon qu’on a envie de pleurer face à la taille de la portion. C’est loin d’être un amuse-bouche, mais c’est plié en cinq cuillérées. On reste un peu sur les dents, comme avec une jolie fille qui vous laisserait espérer une nuit endiablée avant de vous planter au bout d’un baiser.  

Mais après tout, c’est le jeu de la formule à petit prix (sur la carte, les entrées et plats s’affichent entre 12 et 30 euros), et heureusement, le plat principal – des filets de limande-sole, servis avec un condiment au sésame blanc et des pâtissons grillés – s’amène, plus consistant, et toujours aussi savoureux. De quoi rabattre le caquet de nos estomacs désireux. Par contre, s’il y a quelque chose qu’on a du mal à pardonner, c’est la lenteur du service. Passer une heure et demie à table pour une entrée et un plat, inscrits dans la formule du jour qui plus est, c’est un peu long, surtout au déjeuner. Alors, on espère être tombé un mauvais jour, parce qu’à part ça, il n’y a rien qui pourrait empêcher cette table de devenir une très belle adresse.