Dans tes rêves

Faire de la danse un rêve, voilà un pari de taille que les Rocksellettes (une jeune compagnie prometteuse) relèvent avec créativité et bonne humeur.
 
Sur une scène simplement peuplée de quelques chaises, les trois danseuses souriantes et en pyjama vont danser, chanter, jouer des percussions pour raconter l’histoire d’un enfant qui, le temps d’un spectacle, va traverser ses rêves, de la réalité décevante à l’imaginaire pailleté. Un jour cancre, un autre chanteur adulé.
 
S’inspirant ici et là de la grammaire hip-hop (déconstruction des mouvements), injectant de vrais morceaux de danse classique (les pointes, cet objet de torture) ou encore s’amusant de tout ce que le songe peut offrir comme possibilités, elles vont nous guider à travers les différents cycles du sommeil. Mais attention, pas question ici de simplification infantilisante, ou d’imagerie niaise : ce n’est pas parce qu’il s’agit d’un spectacle pour enfants qu’il faut sortir l’attirail débilisant. Ainsi pour figurer les distorsions du sommeil, le trio ne se contente pas de broder dans l’absurde mais multiplie les degrés de lecture. Ruptures de rythmes, jeux narratifs et sauts dans le temps sont donc habillés de chant, de danses (pointes, groove, boogie woogie) et de poésie (Prévert, "Tango du potiron"). Seuls quelques clins d’œil au clown et au mime s’échapperont du registre jeune public.
 
Marie Lebeau, Fany Astorg et Marine Orphelin peuvent se targuer d’avoir réussi leur pari tout en réalisant une prouesse : faire rire les petits sans ennuyer les plus grands.