Aux portes de l’hiver, le Festival d’Automne présente 'Le Sacre du printemps'. Si l’œuvre du duo Stravinsky/Nijinski a fêté dignement son centenaire en 2013, le plasticien Roméo Castellucci a choisi de nous faire lambiner quelques mois de plus. Et c’est à la Grande Halle de la Villette que l’on pourra apprécier cette nouvelle réinterprétation du ballet russe.
Connaissant sa réputation, on s’attend bien à ce que l’artiste italien ne fasse rien comme les autres. Tout commence par un choix radical, celui de supprimer les danseurs : en guise de corps, de la poussière d’os d’animaux voltige sur la scène, commandée par un système informatique complexe. Des tourbillons, des giclures, des torrents de cendres qui répondent à l’énergie de la partition musicale et rendent grâce à la richesse de la matière. « Tu es poussière et tu retourneras à la poussière. » Formes et images fantomatiques se dégagent de ce miasme en mouvement, allégorie de la Genèse et de la destruction de toute chose. Un ballet du visible et de l’invisible qui donne au 'Sacre' et à ses accents tonitruants une forme de puissance apocalyptique. Le résultat est étrange et fulgurant, à des années-lumière d’un spectacle ordinaire, à encéphalogramme plat. Une bombe sensorielle et musicale.