Organisation chaotique, monologues de diplomates et mini-concerts surpeuplés. Voici à quoi ressemblait l'an dernier l'inauguration de l'International Jazz Day à l'UNESCO. Se précipitant d'une salle à l'autre pour rejoindre des conférences et master-class bondées, on croisait dans les locaux de l'ONG (un bâtiment assez laid du 7e arrondissement) Marcus Miller, ses gardes du corps, et son éminence Herbie Hancock - désormais ambassadeur de bonne volonté à l'UNESCO et initiateur de la Journée du jazz. Intéressant de voir autant de stars se balader au milieu de la foule, d'enchaîner les concerts et quelques découvertes. Mais au final, que penser d'un tel évènement ? Le concept de journée (inter)nationale, quel qu'il soit, peut sous-tendre un discours néo-conservateur du genre : « le jazz (cette musique poussiéreuse) mérite d'être protégé, à l'image de notre patrimoine ». Ceux qui s'inscrivent dans une telle perspective se mettent un doigt dans l'œil : muséifier le genre est une erreur fondamentale. « Jazz is not dead », et il ne sent même pas mauvais (n'en déplaise à Zappa). Il mérite seulement d'être débarrassé des clichés récurrents qui lui sont associés : intello, mou et sclérosé. Partout, les sections jazz s'ouvrent dans les conservatoires et dans les écoles de musique où l'on se bouscule pour s'y inscrire. Dans les festivals d'été, les clubs, la jeunesse prédomine, on croise même des hipsters en mode moustache-tatouage-bonnet : le jazz s'ouvre à tous les publics, englobe toutes les musiques. La preuve, à Los Angeles, la nouvelle scène s'associe à Flying Lotus et au label Brainfeeder, des groupes à l'image de Kneebody éclatent les frontières avec une musique hyper rythmique entre électro, jazz et rock progressif. Quid de New York ? The Bad Plus reprend Aphex Twin au Village Vanguard (club mythique de Manhattan), Brad Mehldau sublime Verve ou Radiohead et s'adonne à de l'électro survoltée avec le batteur Mark Guiliana. Robert Glasper se frotte au flow de Mos Def sur fond de grooves néo-hip-hop. John Zorn continue ses folles expérimentations post-rock dans son club underground de Greenwich Village, le Stone. En Europe, où la scène free occupe une place importante, les chanteuses de folk scandinaves s'entourent de trios piano-contrebasse-batterie. Ibrahim Maalouf, étoile montante de la scène parisienne, opère une jolie fusion entre mélodies libanaises, électro et cool jazz... La liste est longue. Une définition stylistique du jazz est désormais difficile, souvent lacunaire. Swing, blues, standards de la Tin Pan Alley et improvisations virtuoses ? Oui, mais pas seulement. Aujourd'hui, tout le monde attend impatiemment le nouveau Daft Punk avec Nile Rodgers, un guitariste-producteur qui se définit avant tout comme jazzman. Eh oui, il y a du jazz chez les Daft.
14h : Rémi Panossian Trio au Duc des Lombards
15h : Looking for Parker (Manu Codjia, Géraldine Laurent, Christophe Marguet) au Sunset
19h : Etienne M'Bappé au Baiser Salé
20h : Baptiste Herbin au Sunset
20h : Omer Klein Solo au Sunside
20h : Leila Martial au Baiser Salé
21h : Ray Lema au Sunside
21h : Gregory Porter au Duc des Lombards
23h : Pierrick Pédron au Sunset
23h : Vincent Peirani & Emile Parisien au Sunside
Minuit : Tony Tixier Trio au Sunside
1h : Samy Thiébault au Sunside
Pour en savoir plus sur les concerts et le programme des « jazz talks » et tables rondes : Paris Jazz Club
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