Jacco Gardner
Le premier album de Jacco Gardner (prononcez « Yaco ») porte bien son nom. Véritable « cabaret de curiosités », il déploie sur sept titres un univers de fête foraine hantée et de manège déraillé. Des mélodies un brin psychédélique qui rappelle les plages chaudes des années 1960, le spectre chromatique de Syd Barrett et les films de Méliès. Un résultat aussi sophistiqué que soigné, certainement parmi les meilleurs disques du début d’année. A tout juste 25 ans, le Hollandais peut déjà se targuer d’avoir redonné une jeunesse au clavecin.
Lou Doillon
Elle avait tout pour se faire descendre par la critique: une actrice « fille de » reconvertie dans la chanson, il y a de quoi être sceptique. Et pourtant avec ce premier album, Lou Doillon signe un succès inattendu. Tout juste 30 ans et déjà une carrière de mannequin et de comédienne derrière elle, elle décide d'ajouter à son CV le métier de chanteuse, que sa belle-soeur, Charlotte Gainsbourg, et encore avant elle, sa mère, Jane Birkin, exercent aussi avec brio. Difficile de se faire une place dans une famille aussi talentueuse; le pari est néanmoins gagné.
La grande révélation de cet album, c'est avant tout sa voix: un timbre jazzy et grave, à en faire pâlir Amy Winehouse de là où elle est, et puissant - caractéristique dont personne dans sa famille n'avait pu se vanter avant elle. L'autre point fort, c'est son producteur et ange-gardien, Etienne Daho, qui sème son influence, de façon discrète, mais efficace. Les tambourins sur « One day after another » ou « Same old game » ressemblent à n'en pas douter à ceux de son dernier album « L'invitation », et ils marchent ici tout aussi bien. Un bémol cependant à cette réussite incontestable: l'impression d'un ensemble trop lisse et uniforme. Crainte de trop oser pour un premier pas dans la musique ou manque de maturité, c'est le deuxième album qui nous apportera la réponse. En l'attendant, ce premier opus est à apprécier absolument un dimanche à Paris, de préférence sous la pluie.