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Hate Radio

  • Théâtre
  • 3 sur 5 étoiles
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Le ciel est gris en ce soir de décembre. Après plusieurs mois de lutte, le théâtre Paris-Villette rend les armes. ‘Hate radio’ sera leur dernier spectacle. Dans le vestibule qui mène à la grande salle, la Villette propose gratuitement des sachets de thé et des grains de café pour se réchauffer. « Le bar est fermé », nous annonce-t-on le regard désolé. Condamné, déjà. On se rassemble par petits groupes aux quatre coins du théâtre, et devant les affiches collées aux murs, on se souvient des spectacles que l’on y a vus. Une nostalgie vite interrompue : 20h30 sonnent, il est temps de gagner la salle et ses fauteuils.

C’est munis d’une petite radio et d’écouteurs qu’un à un les spectateurs entrent dans la salle obscure. Mis en scène par Milo Rau (metteur en scène suisse allemand), ‘Hate radio’ reconstitue une émission de la RTLM (Radio-Télévision Libre des Mille Collines). Une radio populaire, connue pour ses pamphlets haineux et ses appels explicites au génocide. Derrière leur micro, Georges Ruggiu, Valérie Bemeriki et Habimana Kantano ont participé en 1994 à entretenir une haine féroce contre ceux qu’ils appelaient « les cafards ». Un mélange de musiques américaines (Kurt Cobain, Real 2 Real), de citations de Machiavel, d’appels à la délation et de commentaires politiques limites. Un sujet bouleversant trop rarement traité (en 2000, la compagnie belge Groupov signait l’exceptionnel ‘Rwanda 94’), et qui souffre ici d’une mise en scène en diptyque.

Car contre toute attente, ce ne sont pas les éclats de voix des journalistes qui ouvrent le spectacle mais des témoignages filmés et projetés. Récit simple et précis des tortures infligées, des exactions arbitraires et du quotidien rwandais lors de ces « 100 » jours. Préambule déchirant à une reconstitution bien trop immobile pour se prévaloir du théâtre. Les acteurs assis de trois quarts et cachés par les micros ne parviennent pas à faire sortir leur discours du cube de verre dans lequel ils sont prisonniers. Les horreurs sont dites, les atrocités sont entendues mais rien ne nous parvient. Malgré l’intelligence du propos, la distance délicate avec laquelle Milo Rau parle de l’Histoire, le spectacle s’étire en longueur. Quelques raclements de gorge se font entendre, d’autres soupirent en se libérant de leur casque, il n’aurait pourtant pas fallu grand-chose pour nous faire verser une larme. 

Attention, le spectacle se joue au théâtre Paris-Villette et non pas à la grande halle.

Infos

Site Web de l'événement
international-institute.de/
Adresse
Prix
16€
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