On dit souvent que l’une des grandes différences entre le théâtre et le cinéma, outre la présence du public bien sûr, c’est la notion de temps. S’il y a un metteur en scène en France qui l’a compris et qui maîtrise parfaitement cette particularité, c’est bien Claude Régy. Depuis de nombreuses années maintenant, il explore le paysage théâtral et poétique européen à travers le filtre de l’élasticité du temps.
'La Barque, le soir' de Tarjei Vesaas est un recueil composé de plusieurs textes dont « Voguer parmi les miroirs » que Régy a choisi comme point de départ de son spectacle. Un homme, perdu dans une nature imaginaire et peuplée d’animaux sauvages, se noie. Il raconte les sensations, le vide, l’urgence. A l’image du texte imprimé, fait de sauts, de blancs, de coupes dans la narration, le comédien Yann Boudaud se perd et nous plonge dans un monde solitaire et comme en suspens. Soutenu par un subtil travail sonore et par une lumière à la fois mystérieuse et fantomatique, Claude Régy fait de cet instant entre la vie et la mort un véritable cri sensoriel et poétique.