Recevez Time Out dans votre boite mail

Recherche

Les Nègres

  • Théâtre
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Publicité

Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Clownerie, farce acide sortie des pages sombres de notre histoire, 'Les Nègres' met sur les planches une caricature des peurs des Blancs. Colons, nobles bien nés, hommes de foi ou de loi, autant d’êtres blasés par leur bonne conscience qui se distraient en observant le comportement cannibale de ces grands enfants sauvages. Les nègres, des animaux puants et rotant grandis dans les marécages des bayous, fictions projetées, fantômes noirs des fantasmes des Blancs. Le texte poétique et cru de Jean Genet nous met sous le nez les expressions aussi courantes que violentes qui qualifient ces Africains d'origine, des mots qui se moquent et blessent l’oreille (au sens figuré comme au sens propre…). 

Autant d’effets comiques pointent le grotesque de ces Noirs tels que les Blancs se sont plu à les voir. Effets de lumières de génie, néons fluo, paillettes saillantes, l’univers de Robert Wilson crée une esthétique qui suggère une époque coloniale savamment anachronique : charleston des années 1930, jazz des années 1950, palmiers sortis de clips disco… Derrière les strass de ces époques superposées, se trouve peut-être l’intemporalité de clichés bien ancrés. Il est donc cohérent que Robert Wilson mette en scène avec une certaine froideur des êtres vides d’humanité, sorciers vaudou, cannibales, assassins, voleurs ou engrosseurs de Blanches, selon l’humeur. Pas de Noirs sur scène donc, mais des nègres. Regards dans le vide, tels de petits robots qui se parlent sans réels sentiments, ils déblatèrent avec une élocution parfaite des tirades destinées au divertissement du public. Un effet de miroir voulu entre le spectateur (blanc) et ses propres peurs (noires).

Certes la longue et lente introduction sur fond de corbeaux de fumée suivie d’une heure trente des cris stridents du saxophone pourront en irriter plus d’un, amateurs de jazz compris. Mais ne s’agit-il pas de ça ? Faire sentir le malaise et l’irritation face à cette dramatique farce qui bicolore l’humanité. La mise en scène de Robert Wilson ne suscite ni compassion ni empathie ; le nègre n’a pas de pathos il n’a que des pulsions. Elle montre simplement sous des paillettes, le théâtre du rôle de nègre.

Infos

Adresse
Prix
De 12 à 36 €
Publicité
Vous aimerez aussi
Vous aimerez aussi