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Un fou noir au pays des blancs

  • Théâtre
  • 5 sur 5 étoiles
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Time Out dit

5 sur 5 étoiles

Sur la scène du Petit Hébertot, Pie Tshibanda est seul. Pas pour un one-man show, non, mais plutôt pour un témoignage de sa vie, écrit, vécu et interprété par lui. L’histoire qu’il nous raconte commence au Congo, bien avant sa naissance. A l’époque où, de Berlin, les différents dirigeants européens se partageaient l’Afrique, « comme une tarte », comme il le dit si bien lui-même, et sans que les principaux intéressés ne soient mis au courant. Léopold II, alors roi de Belgique, hérite donc d’une énorme parcelle, l’Etat indépendant du Congo, deux millions de km2 rien que pour lui. Un bien grand jardin en somme. Passons sur l’ironie évidente du titre « indépendant » rattaché au Congo ainsi que sur les incohérences inhérentes au principe de colonisation et continuons à suivre le fil de son récit, dont le principal intérêt est d'être personnel.  

Né dans la région du Katanga, où sa famille bien avant lui avait immigré de la région du Kasaï pour y travailler dans les mines, il se retrouve confronté à une guerre opposant Katangais « purs », dont les familles sur plusieurs générations en étaient issus, et « impurs », comme lui, dont les origines lointaines se trouvaient ailleurs. Devenu gênant pour le pouvoir en place après avoir essayé de filmer les horreurs auxquelles il a assisté, cet écrivain, très estimé dans son pays, a dû s’exiler pour rejoindre la Belgique, où il devient un étranger comme un autre. Voilà pour les raisons de son immigration.

Car ce spectacle, et le livre éponyme qui va avec, sert avant tout à retracer son parcours. A montrer que ce n’est pas sur un coup de tête qu’il a laissé femme et enfants dans son pays pour rejoindre l’Europe, contrairement aux idées reçues, mais par obligation puisque menacé de mort. Sans verser à aucun moment ni dans l’excès de pathos, ni dans le sermon moralisateur, ni dans le discours victimaire.

Bien au contraire, son intervention scénique est prétexte à humour, contes, anecdotes en tout genre. Intelligemment, il se sert du fait qu’il s’adresse exclusivement à une assemblée d’Européens pour jouer des clichés dont lui et ses compatriotes ont souffert, tout en montrant finalement la place qu’il a réussi à se faire, loin de chez lui. Un témoignage grinçant et critique, qui ne laisse paraître aucune rancœur. A voir et conseiller absolument. 

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28,60 €
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