West Side Story

Leur histoire en aura ému plus d’un. L’amour impossible entre Tony et Maria, victimes malgré eux des deux clans dont ils sont issus. Un summum du tragique qui n’est pas sans rappeler le drame shakespearien, adapté au XXe siècle par la plume lyrique d’Arthur Laurents. Ici, les querelles mortelles ne se jouent pas à la pointe de l’épée mais dans un décor d’escalier de secours new-yorkais, remarquable squelette d’acier magnifié par le Châtelet. Ecrin idéal à la comédie musicale, le théâtre offre à (re)voir l’un des bijoux du spectacle vivant, la crème de la crème du musical. ‘West Side Story’ n’est pas mythique sans raison. Depuis ses chorégraphies enlevées exécutées comme du papier à musique jusque dans le timbre clair de ses protagonistes phare (Liam Tobin et Elena Sancho-Pereg, inoubliables), le spectacle de Bernstein, Sondheim et Robbins répond avec perfection au cahier des charges. Inutile de vous dire qu’aucune minute, pas même une seconde n’est dévolue à l’ennui. Parfaitement huilé, ce ‘Roméo et Juliette’ des temps modernes rebondit de chansons mythiques ("I Feel Pretty", "America") en scènes collectives époustouflantes de précision. Les corps musclés et tendus des athlètes, les lignes de danse empruntées au classique, la ferveur des combats… On se régale de tout. Ceux qui avaient aimé le long métrage de Robert Wise et Jerome Robbins ne pourront être déçus par la version 2012 de ce chef-d’œuvre à la fois fidèle et moderne, polarisé par une bonne humeur contagieuse. Simplement génial, et depuis cinquante ans.