Voilà déjà une quinzaine d’années que le Jamel Comedy Club et sa troupe se sont installés sur les Grands Boulevards, faisant entrer le stand-up dans le paysage urbain et culturel parisien. Concurrencée depuis par une flopée de nouveaux lieux plus ou moins brandés et branchés, la devanture aux lettres rouges continue pourtant de faire bonne figure. Pour une trentaine d’euros, on vient chercher ici la sécurité d’une affiche où figurent des noms appartenant au haut du panier de l’humour. Ainsi, du mardi au dimanche, la salle se remplit de fidèles et de curieux bien disposés à se taper des barres en s’enfilant des bières. What else ?
On apprécie la configuration de la salle, sa scène bien éclairée et surélevée pile comme il faut pour permettre à tous (même aux cancres du dernier rang) d’apprécier jusqu’aux pieds les comédiens. On s’installe dans un décor un peu daté, supposément new-yorkais, les murs de fausses briques contrastant avec le velours rouge des rideaux. Des lustres au plafond et un service un poil rustre nous rappellent qu’on est à Paris. Qu’à cela ne tienne, il nous en faut plus pour perdre le sourire et le MC de la soirée, Ilyes Djadel, parvient brillamment à le maintenir toute la soirée.
Dans la troupe, onze hommes contre une femme, l’inénarrable Doully qui a, de son propre aveu, la voix d’un vieil ivrogne. On reste entre couilles, donc. Peut-être qu’en plus de ne pas pouvoir porter des objets lourds, les femmes n’auraient pas d’humour. Mais ce soir-là, c’est bien Doully qui fait exploser l’applaudimètre en déclenchant une tempête de rires à la minute. Du côté de ceux qui n’ont pas de seins (ou alors malgré eux), on trouve quand même de très bons amis de la blague, de Louis Chappey à Nordine Ganso. Nous, on aura eu un vrai coup de cœur pour Rey Mendes, qui a l’air de pouvoir faire rire sans effort, comme si les vannes coulaient dans ses veines. Bref, on s’est tapé des barres et on a bu des bières.
