Tout le monde connaît ce fameux conte des frères Grimm où une belle princesse tombe dans un sommeil profond après s’être piqué le doigt sur la pointe d’une quenouille (ou l’épine d’une rose selon les variantes). De Charles Perrault en passant par Disney et Tchaïkovski, il en existe de nombreuses adaptations. Mais de version aussi moderne et enlevée que ‘Rose au bois dormant’, il y en a peu.
Mis en scène par Cindy Rodrigues et incarné par la compagnie La Belle Affaire, ce spectacle dépoussière une vieille histoire qui, à l’image de son héroïne, reposait paisiblement au fond de nos souvenirs d’enfant. Adieu, donc, les stéréotypes propres à ce genre de fictions. Avec ‘Rose au bois dormant’, les personnages prennent une dimension fantasque mais réaliste, sans pour autant renier l’univers fantastique et onirique du conte. Ainsi, le schéma narratif du récit est respecté puisque la pièce est introduite par la marraine la bonne fée Mimosa. Une voix off qui n’en demeure pas moins truculente, figure maternelle pleine d’humour jetant sur les autres protagonistes un regard tendre et amusé. De même, le prince Christian n’a rien d’un Prince Charmant téméraire, lui qui préfigure surtout l’adolescent timide et réservé que les petites filles, en grandissant, ont plus de chance de rencontrer. Enfin, avec ses envies de liberté, la princesse Rose revêt l’émancipation des jeunes filles de 16 ans, à cheval entre l’enfance et l’âge adulte. Quitte à expérimenter le danger.
Avec ses décors sobres, ses costumes colorés et ses effets de son et lumière plongeant le spectateur dans un univers merveilleux, ‘Rose au bois dormant’ ne manquera donc de ravir les mirettes des petits. Mais pas seulement : plein de symbolique et de réflexions souvent profondes, ce spectacle charmera tout autant l’esprit des grands, qui verront également se réveiller la part d’ingénuité qui sommeillait en eux.