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Alabama Monroe

  • Cinéma
  • 3 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Alabama Monroe
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Time Out dit

3 sur 5 étoiles

Ne vous fiez pas à son titre, le nouveau film de Felix Van Groeningen, ‘Alabama Monroe’, prend ses quartiers dans une petite maison gantoise, et non dans la verdoyante Dixie. Ceci dit, s’il n’y a point d’alligators à l’horizon, la bande-son, entièrement bluegrass (de la country interprétée par les acteurs), réussit à elle seule à nous faire voir du pays. Après le remarqué ‘La Merditude des choses’, le réalisateur flamand s’attaque avec ce film au douloureux sujet de la perte d’un enfant. Une thématique larmoyante qui a déjà fait les beaux jours du ciné « indé » (notamment avec ‘La guerre est déclarée’ de Valérie Donzelli). Seulement, ici, point de couple bon chic bon genre version The Kooples, mais un duo grunge assez irrésistible : Didier (un Johan Heldenbergh aux cheveux hirsutes) et Elise (Veerle Baetens), sublime liane au corps tatoué.

Une romance rock sur fond de banjo, qui tire sa beauté du couple de comédiens qui la fait vivre, de sa musique, mais aussi et surtout d’une narration à la chronologie éclatée. Souvenirs flous et flashbacks se noient ainsi dans un torrent de musique country, délivrant par petites touches des sentiments contradictoires, du bonheur invincible à la tristesse inconsolable. On pourra, de fait, reprocher au réalisateur belge d’avoir un peu trop tiré sur la corde lacrymale. Mais à ce petit jeu, ne faudrait-il alors pas revenir sur tout un pan de la littérature, et sacrifier sur l’autel du pathos Œdipe, Antigone et les autres ? Car comme le dit si bien Elise : « la vie, elle n’est pas belle, non, elle ne l’est pas, pas pour tout le monde en tout cas ». Malgré cela, leur destin funèbre ne fait pas de leur histoire une fable pathétique et larmoyante. Et même si Van Groeningen n’a pas l’universalité d’Eschyle, ni sa plume, ni sa subtilité, il aborde dans ce film la souffrance humaine avec une certaine élégance, alternant des moments solaires et de délire complet à des scènes à l’esthétique crue. Le résultat est sans doute filmé avec fragilité, parfois une part de maladresse, mais conté avec les tripes et le désir de parler du réel, des sentiments qui piquent et de la connerie humaine.

Écrit par Elsa Pereira
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