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Cabeza de Vaca

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
cabeza de vaca
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

« Ici, c’en est fini de l’Espagne. » Dès le début du film, nous voilà mis en garde : ces conquistadors débarqués en 1528 en Floride sur des radeaux de fortune vont se confronter à un territoire, le Nouveau Monde, bien éloigné de leurs repères. Saisis dans ce glissement entre le renoncement à leur pays d’origine et leur progressive découverte d’une culture indigène, les personnages mis en scène par Nicolas Echevarria se révèlent peu à peu, notamment Alvar Nunez Cabeza de Vaca, que l’on suit en Amérique du Nord pendant huit années d’errance. Mais plutôt que de s’attarder sur les différences entre les tribus et la civilisation, le réalisateur esquisse la transformation qui s’opère chez certains civilisés, par une lente imprégnation et une participation à la vie quotidienne, aux rites et aux fêtes. D’abord captif, Cabeza de Vaca trouve en lui la clé de sa liberté, balloté de peuplade en peuplade jusqu’au Mexique.

Dans son premier long métrage de fiction, on retrouve l’intérêt d’Echevarria pour les manifestations culturelles, religieuses et artistiques des indigènes mexicains, déjà explorées dans ses documentaires. On assiste alors autant au parcours initiatique du personnage principal qu’à un récit des origines d’un pays. Réalisé en 1990 mais resté longtemps inconnu dans nos contrées, ‘Cabeza de Vaca’ s’est vu édité en DVD vingt ans après sa sortie en salles. Et autant dire que la persévérance d’ED Distribution n’a pas été vaine : le film évoque tour à tour l’‘Aguirre’ d’Herzog, à travers un Juan Diego autant possédé que Kinski, le souci anthropologique du Pasolini de ‘L’Evangile selon Saint-Matthieu’, ou le burlesque de Jodorowsky, avec ce nain manchot chef de tribu. Tout en gardant une voix bien singulière, Echevarria parvient à évoquer le triomphe du Nouveau Monde sur l’explorateur, l’idée du conquistador conquis, à travers des scènes inoubliables d’extase et de transe.

Écrit par Nicolas Hecht
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