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King Tuff • 'King Tuff'

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
King Tuff
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Il faut remercier Sub Pop (il faut toujours remercier Sub Pop) d’avoir déniché Kyle Thomas et son groupe King Tuff. Originaire du Vermont, au nord-est des Etats-Unis, Thomas s’est totalement fondu dans son groupe au point de devenir « King Tuff » (dont les initiales sont aussi les siennes), un peu comme Marc Bolan était devenu T.Rex. La comparaison n’est pas forcée, car la musique de ce disque est placée sous le double signe de Bolan et Dylan. Avec le glam-rock, King Tuff partage l’amour des tubes rock’n’roll faits pour danser et il faut reconnaître que l’album en est rempli ras-la-gueule. Ainsi le formidable "Anthem" d'ouverture pourrait même être l’hymne d’une génération nostalgique d’un temps qu’elle n’a pas connu et qu’elle aime comme un âge d’or, où le mot « crise » était réservé aux leçons d’histoire. Ici, les guitares vrombissent à l’ancienne, et la batterie mid-tempo propose un rythme chaloupé sur lequel il fait bon remuer. Surtout, chaque titre est composé à la manière d’un potentiel hit, avec une petite touche radio FM qui n’a rien de déplaisant. Il est important de se souvenir que le glam était un genre extrêmement populaire, dont les groupes passaient à la télévision et sur les radios les plus écoutées. Kyle Thomas lui-même avoue écouter le top 50 américain pour connaître les tubes du moment. Bref, tous les morceaux semblent composés et produits comme des singles, dont on a tiré la sève afin de les rendre efficaces et pop. Enregistré dans une école abandonnée à Détroit, le disque a d’ailleurs été tout d’abord une question de choix, puisqu’il a fallu dans un premier temps sélectionner parmi la somme innombrable de chansons écrites par le chanteur. C’est pourquoi l’album est si intense, sec, foisonnant. Les airs se suivent et ne se ressemblent pas, du sautillant "Alone & Stoned" à la pépite seventies "Hit And Run", en passant par des ballades dylanesques comme "Swamp Of Love" et des tueries comme "Keep On Movin’". On pense aussi à cette façon qu’avaient les premiers punks, à l'image des New York Dolls (très proches du glam), de remanier le rockabilly et le rhythm’n’blues en lui insufflant une puissance alors inédite. C’est le cas ici de morceaux tels que "Baby Just Break", de l’épileptique "Stranger" (du pur T.Rex sauce 2012), ou encore de l’incontournable "Bad Thing", qui fait crier à qui l’entend : « I’m a bad, bad, thing ! » Loin d’être passéiste, le second disque de King Tuff démontre au contraire l’intemporalité du rock’n’roll en tant que musique populaire. Et ça fait du bien par où ça passe.

Label : Sub Pop

Pour en savoir plus : http://www.subpop.com/artists/king_tuff

>> Lire les autres critiques de notre dossier sur les meilleurs albums de 2012.

Écrit par Emmanuel Chirache
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