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La Danza de la realidad

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Jodorowsky - La Danza de la realidad
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Vingt-trois ans qu’Alejandro Jodorowsky n’avait pas réalisé de film… Autant dire, on ne s’attendait plus vraiment au retour du génial réalisateur d’‘El Topo’. Pourtant, dès les premières minutes de ‘La Danza de la realidad’, l’éternelle jeunesse de Jodorowsky, 84 ans, ne fait aucun doute : loufoque, touchante, poétique, heureuse et bienveillante, cette autobiographie rêvée retrace avec bonheur et une rare originalité l’enfance du futur cinéaste-scénariste-poète-cartomancien.

A Tocopilla, au Chili, entre un père stalinien (au sens propre comme au figuré) et une mère presque trop aimante – et qui vocalise en permanence –, le jeune Alejandro découvre le cirque, la mystique, la poésie du monde, et croise des freaks en tous genres sous la violence de la dictature militaire… Ici, les aficionados de Jodo reconnaîtront sans doute certains traits familiers, déjà développés dans son roman ‘L’Enfant du Jeudi noir’.

Centrée sur l’innocence du jeune âge, la première moitié du film est un authentique enchantement surréaliste, où les métaphores prennent corps, où le rêve se mêle au souvenir dans un mouvement aussi inventif que sincère – et qui pourrait par moments évoquer ‘Amarcord’ de Fellini, mais sur un ton plus doux, souvent plus ouvertement nostalgique. Parfois, Jodorowsky lui-même intervient dans son film, le commente a posteriori, s’adressant à nous comme à cet enfant qui est son double. Puis, dans son second mouvement, ‘La Danza de la realidad’ change de registre, et l’on suit son père, militant communiste en mission politique à travers le Chili. Où il s’agit, entre mille péripéties, de descendre un dictateur.

Bien que moins ouvertement carnavalesque, cette deuxième moitié du film – où le père de Jodorowsky se voit interprété par Brontis, le fils du cinéaste – se révèle tout aussi émouvante, comme une sorte de testament familial, de jeu de transmission générationnel. Au bout du compte, ‘La Danza de la realidad’ finit par ressembler à une fresque à la fois intime et délirante, à une plongée dans une mémoire généreuse, dense et ouverte. La vie est un poème, paraît clamer Jodorowsky. Et c’est un immense plaisir de l’y suivre.

Écrit par Alexandre Prouvèze
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