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Le Désert rouge

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Le Désert rouge - Monica Vitti
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

L’incapacité à communiquer authentiquement – ne parlons donc même pas de « communier » – que ce soit sur le plan social, sur celui des sentiments ou de la sensualité : voilà en peu de mots ce désert intérieur qui hante la modernité cinématographique d’Antonioni. Non-lieu métaphorique, existentiel et intime, le désert se retrouve souvent, et logiquement donc, comme décor chez le cinéaste italien (au début de ‘Profession : reporter’, dans toute la deuxième partie de ‘Zabriskie Point’…). Pourtant ici, nul « désert » malgré le titre du film : l’histoire – tellement décharnée, en lambeaux, qu’on ose à peine lui donner ce nom – se situant dans une ville portuaire ultra-industrialisée du nord de l’Italie. En revanche, du « rouge », ça, il y en a… Et du vert, du gris… Beaucoup de gris, en fait.

Premier film en couleur d’Antonioni, ‘Le Désert rouge’ (dont le titre tient à un jeu de mots sur une toile de Matisse, ‘La Desserte rouge’) pourrait s’assimiler à un essai sur celles-ci, extrêmement pictural, où le réalisateur joue sur les chromatismes visuels pour traduire les mouvements intérieurs de ses personnages. Mettant à nouveau en scène Monica Vitti, plus belle et paumée que jamais, le film oppose la sensibilité introspective de son héroïne à la froideur de la mécanique sociale, au machinisme des relations humaines. Evanescente, rongée par le néant, malheureuse en couple, cette mère d’un petit garçon erre d’un univers à l’autre, au hasard de sa mélancolie et de ses rencontres. Des séquences troubles, parfois énigmatiques, chargées d’accablement moral ou d’érotisme sinueux, se succèdent ainsi, contemplant la beauté d’une psyché au bord de l’effondrement. Probablement l’un des films les plus hermétiques d’Antonioni, mais aussi l’un de ses plus beaux – et son plus radical.

Écrit par AP
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