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Le Potager de mon grand-père

  • Cinéma
  • 4 sur 5 étoiles
  • Recommandé
Le potager de mon grand-père
© DR
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Time Out dit

4 sur 5 étoiles

Hymne à la nature ou ode à la transmission intergénérationnelle, ce documentaire nous pousse à une réflexion au fil des saisons.

« Il faut cultiver son jardin », préconisait Voltaire. Tel un Candide de Calabre, Martin Esposito fait sien ce précepte en réalisant ‘Le Potager de mon grand-père’. Un film dans lequel ce trentenaire issu de la génération fast-food renoue avec ses racines végétales et familiales en suivant, pendant une année, son aïeul au milieu de ses plantations. Une immersion bucolique dans un petit éden sauvage et secret au sud de l’Italie où Vincenzo, 85 ans, fait pousser des courges sans pesticides mais avec un brin de philosophie. Surtout depuis la mort de sa femme.

Les mains calleuses, de la terre sous les ongles et une dégaine inimitable – chaussettes, sandalettes, short et parapluie sont ses attributs lorsqu’il faut aller s’occuper des légumes sous l’averse –, ce papy plein de bonhomie se révèle terriblement attachant. Ses punchlines spontanées et spirituelles telles que « La vie est belle mais qu’est-ce qu’elle est con ! », nous font franchement rire. Tandis que ses précieux conseils en jardinage, s’apparentant presque à des métaphores sur l’existence, nous touchent sincèrement. Il faut dire qu’on le sent profondément impliqué dans son devoir de transmission envers son petit-fils, ce fragile super-héros des temps passés. Ainsi, plus qu’une histoire de tomates et de champignons, c’est bien d’un récit de passation de valeurs dont il s’agit. Le respect de la nature, l’amour du travail bien fait et, plus encore, le courage de ne pas se laisser aller face à la vieillesse ou l’adversité… Autant de vertus qui, sans l’héritage oral de nos anciens, sembleraient définitivement perdues. 

Alors oui, les dialogues sont parfois un peu décousus, le temps s’étire lentement au son de la comtoise, les plans tournés caméras à l’épaule dans le sillon de Vincenzo sont un peu flous et les spectateurs les plus urbains feront sans doute une overdose de verdure et de campagne à la sortie de la salle. Mais qu’importe, ‘Le Potager de mon grand-père’ réveillera en certains des souvenirs d’enfance et un désir de partager de précieux moments avec leurs ascendants (ou leurs descendants, en fonction de l’âge). De même qu’avec ses gros plans soignés sur les figuiers en fleurs, les abeilles en train de butiner et les paysages calabrais un soir d’été, ce film constitue à un véritable « flore-porn » visuel. A mille lieux du précédent long métrage de Martin Esposito qui dénonçait le traitement des déchets (‘Super Trash’), il suscite des envies irrépressibles d’évasion. Telle une bonne bouffée d’air frais hors du box-office français. 

Écrit par
Clotilde Gaillard

Détails de la sortie

  • Durée:76 mins
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